Le château aux merveilles (libre) - LOST.

Maeya marchait. Elle n’avait pas vraiment de but, elle faisait juste se promener et admirer le paysage. Au loin, elle vit un bâtiment. Elle repensa au palais du territoire du feu. Elle l’avait trouvé si magnifique! Peut-être celui-là serait-il aussi beau? Elle s’y dirigea. Mais elle fut un peu déçue lorsqu’elle vit ce qui l’attendait. Des ruines. Cela avait dû être un si beau château… ce qui en restait devait tout de même valoir le coup d’œil, non? Elle entra.

Elle déambula un moment dans les couloirs, admirant tout ce qu’elle voyait, impressionnée. C’est une tâche rosée qui lui fit détourner le regard des décorations. Une renarde… Et elle était assez jolie en fait! Habitait-elle ici. En tous cas, elle avait intérêt à ne pas rester là à ne rien dire, car la renarde la regardait!

- Euh… Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger. Je trouve que cet endroit est très joli, vous y habitez? Pourrais-je… rester un moment? Au fait… je me nomme Maeya.

Elle se sentait un peu gênée. Émerveillée et croyant les lieux inhabités, elle n’avait pas envisagé que ce puisse être l’habitat d’un loup… ou d’une renarde. Elle regarda le sol, mal à l’aise.

La louve prit le temps de réfléchir. Cette renarde ne semblait pas s’incommoder des détails. À peine venait-elle de croiser Maeya qu’elle avait déjà envie de passer à autre chose, sans même en savoir plus! Mais en réalité, il était vrai que discuter devant une belle vue du paysage qui entoure est plus intéressant que de le faire dans un couloir monotone… Sur ce point, Alcade avait bien raison. Alors pourquoi refuser son offre?

- Eh bien… je ne vois pas quel mal il peut y avoir à découvrir un peu les alentours. Je vais t’accompagner, si cela ne te dérange pas.

Bien sûr que ça ne la dérangerait pas. Pourquoi lui aurait-elle proposé si elle n’avait pas eu envie que Maeya ne l’accompagne? La louve laissa la renarde passer en premier et la suivit. En chemin, elle décida d’engager la conversation.

- Je trouve que vous êtes très jolie, Alcade. Mais dîtes-moi, enfin si cela ne vous dérange pas : que pouvez-vous bien faire dans un tel endroit?

La réponse semblait évidente. À l’entrain que la renarde montrait alors qu’elle déambulait dans les couloirs, il était facile de dire qu’elle était venue pour le simple plaisir de découvrir. Mais Maeya avait envie de discuter. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas vraiment parlé avec un loup, et jamais elle n’avait jusque là croisé de renard. Elle trouvait qu’ils était mignons à regarder.

La louve suivit la renarde sans faire trop de bruit. Elle écouta attentivement la réponse qu’Alcade lui donna. Elle avait raison, l’endroit était si magnifique… Elle pourrait y rester un moment, si elle n’avait pas un compagnon qui attendait son retour, et des choses à faire.

- Je suis venu pour la même raison que vous. J’adore découvrir de beaux endroits, voir des choses magnifique, faire de belles rencontres. D’ailleurs, je suis contente de vous avoir croisée, vous avez l’air bien gentille.

Elle enjamba la pierre et continua dans le sillage de la renarde, marchant d’un pas léger et lent, pour ne pas la dépasser. Une question lui tournait dans la tête.

- Excusez-moi, mais je me demandais : vous avez dit être une solitaire. Comment avez-vous vécu cela?

Elle ne voulait pas embarrasser Alcade, mais elle était elle-même une solitaire, et elle avait grandi si seule, si éloignée des autres… Était-ce comme cela pour tous les solitaires? C’était cela en réalité qu’elle voulait savoir…

La louve laissa un sourire se grave sur sa gueule. Un sourire sans joie, un sourire triste, un sourire qui cache un profond désespoir. Elle était la seule, à avoir eu une vie isolée, réellement solitaire… Maeya avait passé à côté de tout ce que la vie pouvait lui offrir de beau. Elle avait grandi en manquant toutes ces joies, tous ces moments de bonheur, tous ces petits plaisirs qui auraient pu égayer ses longues journées de solitudes si angoissantes… Jusqu’à ce qu’elle rencontre Plagio. Malheureusement, toute son enfance était déjà passée. Le nombre de loups qu’elle avait croisés se comptait facilement, elle en avait même fait le compte : 4. Le loup du feu qui l’avait attaquée, le médecin qui l’avait soignée, Plagio et l’Alpha du feu. Ses connaissances se résumaient à cela. Maintenant, il y avait aussi la renarde, Alcade.

- Votre expérience de la vie semble avoir été si…

Sa voix se brisa. Une larme coula au coin de son œil. Elle, elle avait trouvé cela si difficile… Mais en fait, cela n’avait peut-être pas été si terrible que cela. Maeya n’avait jamais connu la souffrance de la trahison, de la perte d’un être qui lui soit cher, d’avoir un ennemi, et tant d’autres choses… Elle était passée à côté de tant d’émotions négatives… Cette mauvaise partie de la vie, elle n’était pas malheureuse de l’avoir manquée. Lentement, la louve se calma, et essuya son œil d’une patte.

- Pardonnes-moi. Je ne veux pas te faire état de mes mauvaises humeurs, tu ne mérites pas cela. Tu semble si gentille… je n’ai pas envie de te pleurer dans les oreilles.

La louve se calma en écoutant la renarde parler. Oui… elle avait elle aussi eu une vie difficile finalement. Mais Maeya savait déjà qu’elle pouvait se reprendre, tout comme elle savait comment. En fait, elle avait déjà commencé depuis un moment. Depuis qu’elle avait rencontré Plagio. Maintenant, elle avait de moins en moins peur et commençait lentement à assimiler les différentes notions qu’elle n’avait pas pu apprendre dans son passé. Elle n’avait pas vraiment à s’inquiéter, et tenait à ne pas déranger Alcade avec cela. Ce qu’elle désirait, pour l’instant, c’était de se faire une nouvelle amie.

- Merci bien, Alcade, c’est gentil à vous, mais j’ai déjà commencé à remettre ma vie sur le bon chemin. Je n’ai pas à me plaindre, encore moins à vous. Je souhaite que cette rencontre soit agréable et qui sait, peut-être aussi que nous devenions amies.

Elle fit un sourire rassurant à la renarde. Elle se sentait beaucoup mieux et elle préférait changer de suejt.

- Je n’ai pas besoin de parler, ce n’était qu’une légère vague de chagrin et de remords, mais tout cela se règle tranquillement. Changeons de sujet, essayons d’être un peu plus joyeuses, ce n’est pas amusant que de pleurer.

Sauf que Maeya n’avait pas de sujet à lancer… Elle n’avait jamais vraiment été doué pour les discussions, ni curieuse pour les détails. Elle n’avait pas de question à poser à Alcade. Ne restait à espérer que cette dernière saurait trouver un sujet d’intérêt autre que le passé de la louve. Cette dernière ne tenait pas du tout à se le rappeler.

Maeya suivit Alcade jusqu’au dernier étage. La renarde monta sur le toit et l’invita à faire de même. En faisant bien attention, la louve alla la rejoindre. Elle prit place à côté d’Alcade, pas sur la pierre bien sûr, mais à côté de la pierre, et regarda le paysage. C’était si magnifique! De voir toutes ces couleurs, leur façon harmonieuse de coexister, les contrastes si jolis que cela créait! La louve ne parla pas pendant un long moment. Elle laissa un silence comme sacré s’installer. Un silence qu’on a peur de briser, par crainte de voir la beauté disparaître avec les paroles prononcées. Mais après un moment elle parla.

- Le monde est si beau, lorsque l’on prend le temps de le regarder dans le bon angle. Toute ma vie, je suis restée aveugle à toutes ces beautés, croyant les connaître, en ayant vu quelques unes. Je ne les ai jamais vues réellement. Mes yeux en ont peut-être capté l’image, mais jamais je n’ai pu y comparer les émotions que ces images imprégnaient. Maintenant, je constate que la beauté est beaucoup plus étendue que ce que j’ai toujours cru…

C’était vrai. Elle avait toujours aimé observer les belles choses. Mais depuis qu’elle avait rencontré Plagio, sa vie prenait une nouvelle direction, et lorsqu’elle voyait des choses aussi magnifiques, elle arrivait à leur accorder une signification, à les interpréter, à les comprendre. Cela rendait la beauté d’autant plus belle qu’elle le devenait intérieurement en plus de l’être en apparence.

- L’amour est partout autour de nous, lorsque l’on sait regarder. Et maintenant je le vois…

Cette dernière phrase lui avait échappé dans un murmure, sans qu’elle ne l’ait voulu. Elle avait pensé au loup de l’eau, et cela l’avait rendu si heureuse que ses pensées avaient débordées… Elle regarda la renarde et lui sourit, avant de dire.

- Y a-t-il un sujet dont tu aimerais parler, tant qu’à ce que nous soyons ensemble? Moi, personnellement, je ne sais pas grand-chose, je n’y connais rien à la vie de société, je n’ai parlé qu’avec un seul autre loup avant de venir ici… je n’ai aucune vraie idée de comment faire la conversation avec les autres…

Maeya n’était pas certaine d’être la meilleure conseillère en amour, ou de vouloir lancer le sujet. Elle n’y connaissait rien… elle ne comprenait même pas comment avoir des enfants! Et la base d’une relation de couple n’était-elle pas d’avoir des loupiots? Peut-être pas nécessairement. Plagio n’avait jamais abordé vraiment le sujet. En même temps, il savait que la louve était fragile, il ne voulait peut-être pas la brusquer. Mais bon, il y avait au moins une chose dont Maeya fut certaine :

- L’amour ne vient à nous que si nous nous refusons à le chercher. Et il viendra à toi aussi, si tu sais te montrer patiente.

Elle ne savait pas quoi ajouter… Mais qu’y avait-il à ajouter? Rien… En fait, la louve commençait à se sentir mal à l’aise. C’était un sujet qu’elle ne maîtrisait pas, elle ne voulait pas s’y attarder.

- L’amitié est une forme d’amour. Elle peut procurer les mêmes bienfaits que celui d’un compagnon. Les enfants mis à part. Tu as de la chance d’avoir des amis. Moi, je n’en ai encore aucun…

Le seul autre être vivant que Plagio qu’elle avait rencontré était l’Alpha du feu, qui lui avait fait peur…

La louve soupira aux dires de la renarde. Ce n’était pas vraiment ce qu’elle avait voulu dire. Ou peut-être, en fait, était-ce elle qui interprétait mal les dires d’Alcade? Que pouvait-elle bien dire? Il n’y avait pas vraiment de réponse à donner… et le sujet était si pénible! Pourquoi vouloir continuer d’en parler? Et pourtant, elle n’avait pas vraiment le choix… C’était si compliquer que de simplement parler? Elle ne voulait pas dire directement que le sujet lui était souffrant et qu’elle voulait l’éviter, pour ne pas avoir l’air de mauvaise compagnie.

- Alcade, je crois que tu interprètes mal mes dires. Ce que je veux dire, c’est que les amis nous apportent une forme d’amour. Différent de celui que nous apporte un compagnon, mais tout autan nécessaire, et même plus. Et ce ne sont pas tes amis qui te donneront l’amour que l’on dit véritable. Plagio ne sera jamais mon ami, il n’a pas droit à ce titre. Car l’amour qu’il me porte est différent. Mais… pour être franche, je dois avouer que le sujet est assez complexe, et il est possible de le voir de bien des angles différents. Du coup, chacun peut l’interpréter un peu comme il veut. Je ne veux pas débattre avec toi, je ne veux pas que nous ayons un désaccord. Je te trouve gentille, et…

La suite s’étrangla dans sa gorge. Pouvait-elle réellement formuler une telle requête alors qu’elle connaissait à peine la renarde? Trop tard en fait, elle avait déjà commencé…

- Et j’aimerais bien que nous puissions être amies, si cela ne te gêne pas…

Elle espérait qu’Alcade ne le prenne pas mal. Elle pouvait refuser, cela ne dérangeait pas vraiment la louve, elle comprendrait, même… Mais elle espérait qu’elle refuserait poliement…