Rencontres dans le vide (privé Medrahsk) Terminé

Medrahsk marchait. Savait-il faire autre chose? Oui, penser. Mais que penser en ce moment? Tout ce qui lui arrivait… Urion, Andy, Maeya, autant de raison de se rebeller contre Pandore. Bien sûr qu’il le voulait, mais… en était-il capable? Andy lui avait déjà proposé d’apprendre à se battre… Mais savoir se battre, et avoir le courage de le faire, ne lui permettrait pas de vaincre l’Alpha de la mort. Cette dernière pouvait l’anéantir dès qu’elle le voulait. Il préférait donc être seul. Ne pas s’impliquer serait sa meilleure façon de venir en aide aux vivants. Il ne s’impliquerait pas, resterait seul, pour toujours, ou jusqu’à ce qu’il entende que Pandore avait été vaincue.

Ne regardant pas trop où il allait, il ne vit pas qu’il allait déjà à l’encontre de ses dires, car près de lui se trouvait un loup. Il ne le remarqua que lorsqu’il passa près de foncer dedans. C’est là qu’il prit conscience de ce qui l’entourait. La neige… Étant mort, il ne subissait pas les affres du froid, et n’avait même pas remarqué ce détail! Mais tout était blanc autour de lui. Lui, noir et gris, faisait un peu tache sur le décor. D’ailleurs, l’autre loup aussi était noir, ou en partie. Mais ce n’était pas un loup de la mort, Medrahsk le sentait bien. Son cœur battait… Il pouvait l’entendre. Et puis il respirait comme s’il était essoufflé.

Le jeune loup de la mort recula de quelques pas. L’autre savait-il qu’il était là? Le cœur de Medrahsk ne battant pas, ce dernier ne respirant que faiblement, pouvait-il avoir été repéré? Le bruit de la respiration bruyante de ce loup devait avoir couvert les bruits des pattes du loup de la mort s’enfonçant dans la neige. Et pourquoi fallait-il toujours que Medrahsk rencontre de nouvelles personnes? Il ne voulait plus vivre cela… Après s’être fait un ami et avoir croisé… Andy… Il ne savait pas pourquoi, mais il se sentait très bizarre auprès de ce loup. Il ne se sentait plus vraiment mort. Il avait l’impression que L’Alpha du métal lui transmettait un peu de sa vie… Enfin… il était trop tard. Medrahsk était écœuré de faire semblant. Écœuré de faire croire aux autres qu’il était méchant et dangereux. Cette fois, il serait lui, et personne d’autre. Et rien à fouttre de Pandore! Elle pouvait lui faire ce qu’elle voulait, il savait de quel côté il était. Tous les côtés qui se voulaient contre elle! Il la détestait!! Il s’avança donc lentement, jusqu’à être à côté de l’autre loup, et se coucha sur le sol, s’enfonçant un peu dans la neige. Mais après tout, il ne pouvait pas mourir, alors pourquoi s’en faire?

- C’est beau comme endroit, n’est-ce pas? J’aime bien le reflet de la lumière sur la neige.

Marre de jouer des rôles. Il était lui, et personne d’autre. Il releva la tête pour regarder son interlocuteur.

- Alors, comment ça va?

L’autre ne l’avait vraiment pas entendu venir… Un côté de la mort que Medrahsk n’aimait pas beaucoup. Il était discret sans même le vouloir… Parfois c’était utile, mais d’autre fois ce pouvait être nuisible. Comme présentement. Snownight avait-il compris que le jeune loup était du clan de la mort? Sûrement. La plupart des loups réussissaient à identifier les clans par les odeurs. À croire qu’il y avait une particularité commune aux clans divergeant de l’un a l’autre. Peut-être que oui, mais Medrahsk n’avait jamais été capable de faire la différence.

Quant au nom… Pourquoi les noms? Pourquoi toujours les noms? Enfin… ce n’était pas grave. Il ne pouvait pas vraiment se permettre de ne pas répondre. Et puis ce n’était pas si grave. Donner son nom permettrait plus de familiarité, et le jeune loup avait envie de bien s’entendre avec Snownight. Même si ce dernier n’allait pas être sincère avec lui, s’il s’avait qu’il était mort… Ou alors qu’il le chasserait dès qu’il l’apprendrait.

- Je me nomme Medrahsk… Quand à mon rang…

Devait-il le dire? Il hésita un moment. Oui. Il n’avait pas envie de mentir. Il ne voulait pas cacher la vérité. Il ne voulait pas baser une relation sur des mensonges. Tant pis si le loup de l’eau ne voulait pas de lui.

- Je suis ce que l’on pourrait classé d’oméga du clan de la mort… Mais comme ce rang n’existe pas aux yeux de Pandore, je suis, en tous cas officiellement, l’un de ses guerriers…

Une larme lui coula sur la joue. Voilà, c’était maintenant que tout tournait mal. C’était maintenant que Snownight allait le chasser…

Quoi? Il… Il ne le chassait pas? Mais… Était-ce possible? Oui… Après tout, Urion ne l’avait pas chassé. Andy non plus… Mais Andy c’était différent. Mais peut-être que les loups ne réagissaient pas tous aussi mal qu’il le croyait face aux membres du clan de la mort? Ou alors Medrahsk avait de la chance et tombait toujours sur les marginaux… Quand à sa différence, dans quel sens le demandait-il?

- Je ne suis pas certain de comprendre la question… Je ne suis pas différent des autres loups morts… Je ne respire pas, mon cœur ne bat pas, je n’ai pas besoin de manger ou boire, je ne ressens presque pas la douleur… Les autres aussi, enfin pour la plupart, sont comme ça.

Il se doutait bien que ce n’était pas cela que Snownight avait voulu dire. Mais il préférait se donner un peu le temps de réfléchir à l’autre côté de la question. Quel détail le rendait si… gentil? Alors que tous les autres semblaient suivre Pandore volontairement? Il ne savait pas vraiment…

- Je peux poser une question?

Il en avait plusieurs à poser, mais une seule lui semblait beaucoup plus importante que les autres. Et puis peut-être que la réponse du loup de l’eau à sa question lui donnerait une piste pour répondre à son tour à la vrai question que le loup lui avait posée.

Le jeune louveteau avait de plus en plus de difficulté à comprendre les vivants. Il l’avait déjà été pourtant… Mais ne devraient-ils pas avoir peur des morts? Après tout, un mort n’est pas censé marcher ou parler. Mais bon… Il n’allait pas se plaindre d’être tombé sur un loup sympathique. Justement sa question portait là-dessus.

- Pourquoi? Ma seule question pour l’instant est pourquoi? Tu continue à me parler comme si j’étais un loup tout à fait normal. Tu n’as pas l’air d’avoir peur de moi… Je sais que je ne suis pas effrayant, mais j’ai cru que tu réagirais lorsque j’ai dit que je n’étais pas vivant… Mais non… Pas que je déteste, mais je ne comprends pas. Pourquoi?

Il se l’était fait dire plusieurs fois, mais la réponse semblait varier légèrement d’un loup à l’autre. Quelle serait donc la version de Snownight?

Medrahsk écouta ce que Snownight avait à dire. De la curieusité. L’envie de résoudre un mystère… L’aura sympathique qu’il dégageait… C’était cette dernière raison à laquelle il s’attendait. Urion avait qu’il croyait aux exceptions, et qu’il pouvait voir, à la façon dont le jeune loup de la mort se comportait involontairement (donc ce qu’il laissa paraître de son subconscient, un truc dans le genre) que ce dernier n’avais un cœur teinté de noir, comme son pelage. Andy, lui, avait eu pitié au début, puis il avait été curieux aussi. Mais en cela, il avait plus attisé la curiosité de Medrahsk. Ensuite, l’un et l’autre avait ressenti… des effets étranges, l’un pour l’autre. Depuis, bien des choses leur était arrivé, étrangement. La grotte, la plage… C’était là que le loup de la mort avait compris qu’il ne souhaitait pas aider Pandore et qu’il pouvait vivre sa vie comme il l’entendait. À quelques exceptions près… bien sûr. Il ne devait juste pas revoir ceux qui comptaient pour lui.

Mais quand le loup de l’eau posa sa question, indirecte, pour savoir comment il pouvait ne pas suivre Pandore et quand même être, Medrahsk baissa les yeux au sol à nouveau. Voulait-il le dire? Devait-il révéler son pouvoir à tous le monde? Andy ne comptant pas, car leur relation était… indescriptible, et quelque chose poussait le loup de la mort à tout dire à l’Alpha du métal, il n’avait donc révélé ce secret qu’à Urion. Et ce dernier l’avait beaucoup aidé, et une relation profonde s’était installée entre eux avant que Medrahsk ne lui révèle. Non, il ne se sentait pas prêt à dire cela à Snownight. Pas qu’il avait peur de sa réaction, mais que c’était une information beaucoup trop intime pour être partagée après si peu temps, et alors que le lien qu’ils partageaient n’était que si peu développé.

- Je suis désolé, mais je ne me sens pas prêt à m’ouvrir sur ce sujet. Bien sûr, j’ai la réponse, mais je ne veux pas la donner. Pas maintenant. Quand au mystère de ma mort qui n’en est pas réellement une, je ne puis t’éclairer. Je suis ainsi depuis mon jeune âge, et personne ne m’a jamais expliqué comment cela fonctionnait. Je ne peux pas mourir, car je suis déjà mort, sauf si Pandore le veut… Je crois que la meilleure explication que je puisse donner est que mon corps à été tué, et que mon esprit, au lieu de se dissipé, à été lié à celui de Pandore, lui permettant de survivre. Ainsi, je peux continuer à faire bouger mon corps, mais je n’ai plus les besoins essentiels aux vivants. D’un autre côté, en même temps, Pandore à accès à mon esprit quand elle le veut, à cause de ce lien, de ce morceau de mon esprit qui est en elle, et du morceau du sien qui est en moi… Tout cela n’étant pourtant que pure hypothèse.

Le peur, même si elle était fausse chez Snownight, se transféra à Medrahsk qui la ressenti réellement. Il se retourna vivement, terrorisé à l’idée de ce qu’il pouvait voir. C’est de la frustration, et non pas du soulagement, qui le gagna en entendant la suite. De quel droit le loup de l’eau se jouait-il de lui? Le jeune loup de la mort n’avait-il pas eu assez peur dans sa vie, sans qu’en plus on ne vienne en rajouter en lui faisant peur pour rien? Mais Snownight avait voulu bien faire, il avait, dans le fond voulu détendre l’atmosphère… Mais malgré cela, il était furieux, et ne voulait pas que l’autre le voit. Il ne se retourna pas. De toute façon, il n’aurait même pas eu le temps, car le messager le poussa. Le jeune loup glissa un moment, puis roula. Lorsqu’il senti qu’il s’était enfin arrêté, il ne prit pas la peine de se relever. Il essayait de comprendre les agissements du loup de l’eau. Qu’avait-il en tête? À quoi tout cela menait-il? Peut-être était-ce sa façon de se détendre? Medrahsk devait s’avouer que c’était un peu amusant… Voyant que Snownight s’approchait, probablement inquiet, il dit en se relevant :

- Je n’ai pas mangé depuis ma transformation. Je ne sais pas si je peux encore. Je n’y vois pas vraiment d’intérêt. Mais on peut bien chasser, tu n’auras qu’à manger seul.

Medrahsk soupira. Il commençait à trouver cela difficile de côtoyer des vivants. Mais il devait s’y faire, car il avait choisi son camp, et son camp était le leur. Mais c’était compliqué parfois, car les vivants ne semblaient pas comprendre que les morts étaient… morts, justement. Medrahsk pouvait sentir, et même reconnaître les odeurs qu’il sentait, mais ça ne fonctionnait pas comme pour les loups normaux. Lui, il ne sentait que lorsqu’il le désirait, pas toujours. Et son nez, s’il pouvait capter les odeurs, était loin d’être aussi fin. Il avait perdu de son efficacité. Comme bien des choses chez le jeune loup du clan de la mort. Ses nerfs ne fonctionnaient presque plus, il ne goûtait plus rien, ou sinon que ce qui goûtait fort. Ses yeux semblaient avoir échappé à ce petit changement qui s’étendait à tout son corps. Ses oreilles aussi.

Enfin… dans le fond, Snownight voulait être gentil. C’était difficile de se montrer disposé face à quelque chose qu’on ne connaissait pas, et Medrahsk n’avait pas vraiment parlé de lui. Il en avait pas trop envie non plus. Mais bon, même s’il essayait de flairer quoi que ce soit, il n’y parviendrait pas. Il ne pouvait repérer que les odeurs qu’il avait enregistrées. Pour l’instant, celle d’Urion était du compte. Celle d’Andy aussi, même s’il n’avait pas volontairement senti son odeur. Ils avaient été si près l’un de l’autre, et si longtemps… cela avait suffit. Il connaissait aussi l’odeur de Maeya, qu’il s’était approprié alors qu’elle dormait.

- Je suis désolé, mais cela fait un moment que mon museau fonctionne différemment. Je ne peux pas vraiment sentir d’odeur, pas de si loin. Je ne puis dire s’il y a quelque chose près de nous. À cette distance, je ne capte même pas ton odeur à toi.

Il ne voulait pas décevoir le loup de l’eau, mais ne voulait pas mentir non plus. De toute façon, il n’avait pas envie de passer plusieurs à chasser pour n’obtenir aucun résultat, alors qu’il n’avait que faire de la nourriture.

Le jeune loupe de la mort se retourna et regarda derrière lui lorsque le loup de l’eau commença à courir. Il laissa son regard porter sur la neige qui dégringolait quelques secondes avant de reporter sa concentration sur la tâche à accomplir. L’escalade ne semblait pas très difficile, mais jamais il n’aurait eu ne serait-ce qu’une petite chance d’arriver avant Snownight. Il courut quand même jusqu’au moment où il dut ralentir pour faire un effort de concentration, afin de ne pas retomber en bas. Il repéra difficilement les prises et mis plus de temps qu’il le croyait à atteindre le sommet. Bien entendu, le messager était arrivé avant lui.

Avant qu’il n’ait pu même voir quoi que ce soit, une sphère blanche, de la neige molle et volatile apparemment, lui atterrit sur le museau, lui arrachant un petit cri de surprise. L’amas explosa et la neige se répandit en nuage autour de sa tête. Medrahsk se secoua pour se débarrasser de la neige et regarda Snownight. Il aurait sourit, s’il n’avait pas à cet instant remarqué le paysage. Oubliant complètement qu’il n’était pas seul, le jeune loup s’avança jusqu’au bord de la falaise et contempla la scène qui s’offrait à ses yeux. C’était si beau…

Medrahsk revint brutalement à la réalité lorsque Snownight lui posa une question. Il avait réellement oublié sa présence! Mais en entendant ses propos, il se dit qu’il aurait bien put ne pas s’en rendre compte et que ce n’aurait pas été si mal que cela… Une larme lui coula, à nouveau. Chez lui… Il regarda le sol et se mordit la lèvre. Chez lui…

- Je n’ai pas chez moi. J’erre, un peu partout, essayant d’éviter le plus possible de rencontrer d’autres loups. Car rencontrer un loup de mon clan signifierait supporter ses railleries. Et croiser un loup vivant le met en danger autant qu’il peut décider de me chasser. Alors j’essaie un maximum d’éviter. J’ai été un peu partout, mais je dois avouer ne jamais avoir porté attention à ce qui m’entourait. J’ignore si j’ai déjà vu un paysage aussi beau que celui-ci, c’est possible…

Chez lui… d’où venait-il? Il s’était si souvent posé la question, et n’avait jamais obtenu de réponse. Toutefois, certains paysages lui disaient vaguement quelque chose. Cette vue, par exemple. Il était pourtant certain de n’être jamais venu sur ces montagnes.

- J’ai déjà eu un chez moi, je le sais. Quand j’étais vivant. Parfois, quand je prend la peine de regarder où je suis, j’ai l’impression de connaître l’endroit.

Il pointa la forêt Talaïala du museau.

- Cet endroit. Je le connais. Je le sais, je le sens. Mais pourtant je n’y ai mis les pieds qu’une fois depuis… aussi loin que porte mes souvenirs. Mais je n’ai aucun souvenir de ma vie. Je crois que j’y ai vécu, quand j’étais petit. Plus je découvre ce territoire, et plus je suis convaincu que j’étais de ton clan, avant…

Oui, il en était certain. Il était un loup de l’eau. Ses parents étaient de ce clan. Maeya n’était-elle pas bleue? Cela n’était-il pas une preuve suffisante? Ils étaient de ce clan, oui. Non… Ils n’étaient plus, ni l’un ni l’autre, de ce clan. Lui il était mort, il était avec Pandore. Elle, elle avait vécu sa vie seule. Elle avait soigneusement évité tout contact avec les clans. Elle était une solitaire, c’était indéniable.

Le jeune loup de la mort soupira. Courageux? Pas du tout. Éviter les autres ce n’était pas du courage. Et s’il avait eu le choix, jamais il n’aurait mis les pieds sur le territoire du clan de la mort. Il avait été obligé, on l’avait forcé. Ce n’était pas du courage. Et s’il s’aventurait sur les territoires des autres, c’est qu’il ne s’en rendait même pas compte. Lorsqu’il le remarquait, il changeait d’endroit. Non… Medrahsk n’était pas du tout courageux. Il était faible. Il l’avait toujours été…Une nouvelle larme lui coula et il allait répliquer sèchement aux propos du loup de l’eau, mais ce dernier posa des questions. Se forçant au calme, le jeune loup posa son regard sur Snownight. Pas longtemps, il retourna rapidement à sa contemplation du paysage.

- Des choses que j’aime faire… Je… je n’ai rien fait depuis si longtemps… Mes seules activités se résument à réfléchir, fuir, souffrir… Je ne connais rien d’autre. Alors non, il n’y a rien que j’aime. Réfléchir, ça fait mal, dans mon cœur. Fuir, ce n’est pas amusant, c’est effrayant. Souffrir, ça fait mal et parfois ça laisse des séquelles, je n’aime pas.

Il y avait bien quelque chose qu’il aimait oui. Maeya. Il l’aimait, et voulait plus que tout la protéger. Lorsqu’il faisait quelque chose pour elle, il aimait cela. Il appréciait Urion aussi, le loup qu’il avait croisé dans la forêt. Et Andy… Oui, il aimait Andy. Mais tout ça, il ne pouvait pas le dire. Il ne pouvait pas trahir Maeya une fois de plus, il l’avait fait trop souvent déjà. Il ne pouvait pas parler d’Andy, car il ne comprenait pas lui-même ce qui se passait entre eux. Et Urion… Urion était une exception. Ce qui le ramenait à sa réponse. Non, il n’aimait rien. La vie ne lui avait jamais rien donné à aimer. De toute façon, la vie ne le concernait plus, il était mort. Pourquoi aurait-elle fait quoi que ce soit pour lui?

Urion… Urion… Snownight le connaissait aussi. Une nouvelle larme coula sur sa joue. Pas une larme de tristesse. Celle là, c’était une larme de colère. Et c’était cette colère qui transparut dans sa voix alors qu’il criait :

- Tu ne peux pas me tuer! Je suis mort! Tu crois que je n’ai pas essayé de mettre fin à cet entre-vie qui me détruit lentement!? J’ai essayé plein de fois! Mais y’a juste Pandore, ou alors un autre loup mort, qui puisse me faire réellement souffrir! Et cette phrase d’Urion ne s’applique pas à moi : JE SUIS MORT!

Sa respiration s’était accélérée et se faisait plus profonde. Urion… Ce loup avait réussit à le convaincre, pendant un instant, que Medrahsk se trompait. Puis, avec Andy, le jeune loup de la mort avait eu la preuve qu’Urion s’était trompé. Mais en même temps, il avait plus tard compris qu’il ne s’était pas trompé, mais n’avait simplement pas assez développé. Ses propos avaient été trop vague pour s’accorder à une idée, mais finalement… Urion manquait à Medrahsk. Ce dernier voulait revoir le loup solitaire. Il en ressentait le besoin.

Sa colère s’était dissipée. Sa respiration s’était calmée. Son air était maintenant désolé.

- Je… je n’ai pas voulu… pardonnes-moi. C’est simplement que… Tu sais ce que tu as dis, sur le paradis. Moi je n’y ai pas droit. Je ne l’ai jamais vu. Car Pandore m’a trouvé alors que j’étais encore vivant, et m’a transformé directement, sans même prendre la peine de me tuer avant. Je suis mort pendant le processus… Et c’était déjà trop tard. Mon âme lui appartient, je suis maudit. Tout est déjà fini… Je vais connaître cette fausse vie pour l’éternité. C’est cela qui m’attend. Je… j’ai réagis trop fort, je n’aurais pas dû, c’est simplement que de savoir tout ce dont j’ai passé à côté, ça me fait mal…

L’envie qui traversa le jeune loup, à ce moment, fut celle de se jeter en bas de la falaise. Il n’en mourrait pas, de toute façon. Mais il serait mal en point et devrait attendre sur place qu’un médecin le découvre. Pas bonne idée. Il s’éloigna quand même un peu de Snownight. Il lui faisait tant penser à Urion… Mais s’il le connaissait, peut-être le loup solitaire lui avait-il tenu un discours similaire, et il lui resservait. Quand Urion parlait, cela faisait du sens, c’était normal de vouloir reprendre ses dires. Mais en même temps… C’était frustrant. Et il trouvait un peu insultant de se faire dire qu’il était dans la pire position possible. Bien sûr que c’était vrai, mais justement, pourquoi en faire le constat, si c’était si évident? Medrahsk n’était pas stupide à ce point!

Se rendant compte qu’il recommençait à s’énerver, il arrêta de respirer. La dernière fois, ça avait marché. Mais que lui arrivait-il? Pourquoi était si furieux d’entendre parler d’Urion? Était-ce à cause du secret que le jeune loup lui avait confié? Soupçonnait-il le solitaire d’avoir révéler l’existence de Maeya au loup de l’eau? Bon, visiblement, ne pas respirer changeait rien. Mais il ne respirerait à nouveau que lorsqu’il serait calme. Toujours un peu énerver, il répliqua aux dires de son interlocuteur.

- Le jour où Pandore va mourir, ma vie ne s’améliorera pas. Si je n’en meurs pas moi aussi, mon âme en sera détruite. D’une façon ou d’une autre, jamais je n’aurai la vie qui m’avait été destinée à ma naissance. Quel âge as-tu, dis moi? Combien d’année de vie et d’expériences diverses as-tu cumulées? Moi, je suis mort alors que j’avais… je ne m’en souviens même pas. Je n’avais même pas deux ans! Tu te rends compte de tout ce que j’ai pu manquer? J’ai perdu ma mère à ma naissance, je n’ai côtoyé mon père et… il est mort alors que je n’avais que quelques mois. Tout ça, je ne l’ai pas connu. Tout le reste, je ne l’ai pas connu. Pourquoi tu te soucierais de ma vie alors que finalement, on peut affirmer que je n’ai jamais été vivant?

Il avait presque parlé de Maeya. Il était sur le point de la mentionner quand il avait coupé et changé de sujet sur la mort de son père. Non, Snownight ne devait pas savoir. Déjà Urion était au courant, c’était assez. Le jeune loup soupira.

- Je n’ai jamais voulu avoir d’amis. À quoi cela me servirait-il, de toute façon, mis à part les voir mourir en souffrant devant mes yeux? Je n’aurais jamais du te parler. J’aurais du m’en aller quand je t’ai vu.

Il ne voulait pas mentionner Urion. C’était le seul qu’il pouvait considérer comme un ami, et le fait qu’il savait pour Maeya obligeait Medrahsk à se taire. Parler d’Urion à Snownight, c’était un pas de plus vers la découverte de son secret. Il ne pouvait pas se le permettre.