une minime compréhension partie 2 (sujet clos)

Medrahsk ne pensa même pas à poser de questions. Il avait eu raison. La jeune louve était venue pour le chercher. Bien sûr qu’elle ne l’amenait pas dans un piège, elle l’amenait à Pandore directement!! Il ferma les yeux, ne voulant pas voir l’alpha de la mort. Elle pouvait lui faire ce qu’elle voulait, il ne la regarderait pas!

-Tu vois ce n'est pas si pire, tu n'es pas mort, de toutes manières tu ne peux pas mourir, du moins pas içi! Bon, maintenant tu es qui?

Il ouvrit les yeux. Ils étaient bel et bien aux marais, et Pandore n’était pas là. Ce n’était pas un piège, visiblement. Mais pourquoi? Un instant… Elle lui avait demandé qui il était? Elle ne le savait? Et si elle avait entendu parler de lui? Lui dire son nom, c’était se condamner!!

- Je ne crois pas que mon nom soit ce qui t’intéresse le plus. Tu n’as pas besoin de le savoir pour qu’on puisse discuter, non? Quoi que… Je n’ai pas trop envie de discuter. Je n’ai rien à dire de toute façon.

Il ne voulait pas parler. Plus il parlait, plus de chance il y avait qu’elle ne le reconnaisse. Quoi qu’elle n’en avait pas besoin… Dès que Pandore verrait qu’ils étaient ensemble, elle ordonnerait à la petite de le ramener.

- Ton pouvoir est impressionnant… je suis certain que Pandore saura l’utiliser à bon escient…

Il essaya de cacher la larme qui roula sur sa joue, mais su qu’il n’y parvint pas. Lui, il n’avait même pas besoin d’obéir à Pandore pour qu’elle utilise son pouvoir de façon à renforcer son armée!

Medrahsk paniqua. Pouvait-elle réellement lui faire dire de force son nom? Et même si elle le pouvait, voulait-il lui faire la faiblesse de le lui donner si facilement, sans lutter? Et si elle ne pouvait pas, et que c’était une ruse, voulait faire montre de cette même faiblesse, encore plus pathétique? Non. Il avait toujours été faible jusqu’ici. Si Pandore le voulait, qu’elle vienne le chercher! Mais lui il ne se laisserait pas faire, pas cette fois! Il se mit à grogner. Pour la première fois de sa vie, il grognait pour de vrai, il ne faisait pas semblant pour essayer d’effrayer son interlocuteur.

- Je t’ai dit que mon nom ne t’intéressait pas! Si tu veux venir le chercher de force, viens, je t’attends! Mais je vais me défendre, je te préviens! Pandore ne m’auras pas si facilement cette fois!

Le loup se figea. Il s’était laissé emporter, et avait oublié qu’elle ne savait pas qui il était. Et bien voilà, maintenant il était trop tard…

- Oui bon t’as gagné, je m’appelle Medrahsk, t’es contente! Mais ça ne te dit peut-être rien, vous devez me donner d’autres noms, vous, les loups qui sont fidèles à Pandore! Parce que non, si tu ne le savais pas, je ne l’approuve pas! Oui, je l’ai défié plusieurs fois! Non, elle ne m’a pas tué! Et si tu veux savoir pourquoi, t’as qu’à aller lui demander à elle, parce que j’en ai aucune idée! Et si t’es pas ici pour m’amener devant elle, FICHES-MOI LA PAIX!!

Medrahsk essaya de se calmer. Il espérait qu’il n’avait pas trop effrayé l’enfant. Peut-être qu’elle n’était pas si mauvaise, elle non plus. Une autre larme roula : bien sûr qu’elle était mauvaise! Medrahsk était le seul loup que Pandore gardait en vie malgré sa rébellion, et c’était parce qu’elle avait besoin de lui… Et bien sûr que non, il n’avait pas effrayé la jeune louve, il n’effrayait personne. Il ne faisait pas peur, et tout le monde savait qu’il était incapable de faire de mal à qui que ce soit. Bientôt, il serait devant Pandore, et elle le torturerait…

Medrahsk regarda le sourire de la louve. Il ne comprenait pas. Ce sourire avait l’air sincère. Pourtant… Les paroles ne semblaient pas aller avec. L’important, c’était qu’elle n’avait pas l’intention de le dénoncer à Pandore. Mais ça la mettait en danger. Elle devait le savoir, Medrahsk ne pourrait pas faire de mal, même à un loup de la mort.

- Non, ne fais pas ça. Amènes-moi à Pandore, ou fiches le camp, mais ne reste pas là à ne rien faire. Comprends moi bien, Pandore s’est mise en tête de torturer et tuer tous ceux qui m’aidaient. Ne pas me dénoncer, c’est une façon de m’aider. Et elle le saura. Elle est dans ma tête, elle entend toutes mes pensées.

Quand au pouvoir de Prolyxe, il n’avait jamais eu l’intention d’en découvrir davantage. Et son pouvoir à lui, il n’en parlerait pas. Il ne serait pas capable de lui avouer que c’était de sa faute à lui si elle était dans cette position. Comment réagirait-elle?

- Je suis désolé, Prolyxe, mais je ne peux pas te révéler mon pouvoir. Crois-moi, c’est vraiment mieux que tu ne le sache pas. Je suis un monstre, petite, autant pour les loups vivants que les morts! Et n’essaies pas de me menacer, je ne parlerai pas cette fois. C’est un secret beaucoup trop personnel pour que je puisse me permettre de le révéler.

Il la regarda avec un regard de défi. Si elle voulait utiliser son pouvoir, qu’elle tente, mais il ne la laisserait pas faire facilement. Il résisterait. Et s’il le fallait, il l’attaquerait. Mieux valait la blesser que de lui révéler la vérité.

Medrahsk ne savait plus quoi penser. Pouvait-il vraiment la croire? Pandore avait-elle réellement reçut des informations faussées? Et si oui? Une lueur d’espoir naquit en lui. Si elle pouvait empêcher Pandore de gâcher sa vie! Mais ça devait avoir des limites. Et puis, depuis quand pouvait-il faire confiance à une louve de la mort?

- Désolé, je ne peux pas te révéler mon pouvoir, quand même. Mais… merci beaucoup, pour ce que tu as fais… Tu n’aurais pas dû. Je suis heureux de savoir que Pandore ne peut rien contre toi, mais arrête je t’en prie. Ça ne mène à rien. Tu ne peux pas améliorer ma vie, et je ne le veux pas.

En fait, il ne lui faisait pas confiance, tout simplement. Son pouvoir restait impressionnant, et il était content qu’elle ne veuille pas le dénoncer. Il recula de quelques pas.

- Je ne crois plus avoir quoi que ce soit à faire ici. Si tu me cherches, je vais être dans le cimetière, à essayer de ne pas trop attirer l’attention.

Il se détourna et commença à s’éloigner, avant de se rendre compte qu’il ne savait pas par où aller. Il avait fermé les yeux pendant le trajet de l’allée.

- Bon, je n’y serai pas… Alors j’errerai quelque part… J’imagine…

Mais que faisait-elle? Pourquoi voulait-elle l’aider? Et puis non il n’e avait pas de rêve! Il n’en avait plus depuis longtemps! Pandore les avaient tous détruits les uns après les autres! Tout ce qui lui restait, c’était… Maeya… Elle… non, il ne pouvait pas demander à un loup de la mort de faire quoi que soit pour sa sœur. Il voulait la protéger, pas la traumatiser!

- Désolé, Prolyxe. Je n’ai aucun rêve. Toute ma vie, je me suis contenté d’errer, de me maudire, d’éviter de croiser des gens, de faire ce que Pandore m’ordonnait, et d’échouer, avant de me faire punir pour insubordination. Elle les a détruits, mes rêves. Tout ce qui me reste, c’est le peu de conscience qu’elle ne m’a pas encore volé.

Il versa une autre larme. Il ne comprenait rien. Il essayait de voir les motivations de la petite louve, mais il ne voyait rien.

- Je t’en prie, amènes-moi à Pandore, qu’elle me torture. Je préfère ça à la torture infligé par le fait de savoir que tu te moques de moi ainsi!

Il n’y avait aucune autre raison. Elle se jouait de lui. Elle l’avait dit elle-même, elle aimait manipuler. Si ça trouve, elle l’amenait lentement devant Pandore tout en le berçant de faux espoirs, pour que Pandore les détruise eux aussi.

Medrahsk soupira. Il ne comprenait pas la petite. Mais elle semblait avoir besoin d’amis. Dans le fond, elle n’était peut-être pas méchante. Il se retourna vers elle et la regarda. Et puis, Pandore ne pouvait pas lui en vouloir de fraterniser avec un membre du clan de la mort, elle ne pouvait que s’en réjouir. Alors pourquoi ces réactions? Il ne le savait même pas… La seule chose dont il était certain, c’était qu’il était en train de passer à côté d’un moment de paix et peut-être d’amitié. Qui sait… Il ne pouvait pas laisser cela s’envoler comme cela.

- Je suis sincèrement désolé, Prolyxe, mais… Vois-tu, personne ne m’a jamais voulu de bien, encore moins les loups du clan de la mort, qui me jugent comme un traître, alors… Pourquoi toi tu le voudrais?

C’était un mensonge. Urion lui avait voulu du bien, et l’avait aidé. Enfin, essayé. Mais ça n’avait rien donné, ça n’avait pas changé sa situation. Une jeune louve pouvait-elle y faire quelque chose? Il en doutait. Il s’approcha quand même d’elle.

- Je ne sais pas comment pêcher, tu veux bien me montrer?

Il lui fit un sourire. Un sourire presque entièrement sincère, dans le sens où le sourire était sincère, mais Medrahsk n’était pas vraiment d’humeur à sourire. Il ne comprenait plus rien.

Medrahsk écouta la réponse de Prolyxe et fut encore plus confus. Elle souhaitait l’aider ou pas? Peut-être qu’elle le trouvait stupide… Ayant grandit seul, séparé de sa famille, il avait passé à côté d’un certain nombre de chose. Et Pandore qui l’avait recruté dans son jeune âge en plus… En fait, il était encore plus jeune que son corps ne le laissait paraître. Il était un enfant, au même titre que Prolyxe. Non… Prolyxe était plus mûre que lui.

Il décida de ne pas parler tout de suite. Il alla se placer dans l’eau et attendit le passage d’un poisson à la place. Lorsqu’il vit une forme argentée passer, il essaya de l’attraper avec ses pattes. Impossible, ça glissait trop. Il en attendit un autre, et plongea directement la gueule dans l’eau cette fois. Il remonta avec le poisson, et l’amena à Prolyxe. Il le déposa devant elle doucement.

- Prends-le. Moi je n’ai pas besoin de manger, et je ne peux pas goûter le choses, alors je n’en ai rien à faire.

La petite était du côté de Pandore, finalement, ça ne faisait aucun doute… Et elle croyait que lui aussi. Elle savait que Pandore ne gardait pas en vie ceux qui se liguait contre elle. Logiquement, donc, si Medrahsk était vivant, il était de son côté. C’était plus compliqué…

- Tu sais, je n’ai pas besoin de faire quoi que ce soit pour aider Pandore. Comme tu le sais, elle sait d’avance où et quand les loups vont mourir, et ce sert de se savoir pour recruter. Et bien elle ment. Ce pouvoir ne lui appartient pas, c’est le miens! En me volant mes pensées, elle me vole mes connaissances du même coup, et s’en sert. Si ça va mal ces temps-ci, c’est que de plus en plus je reprends contrôle de mon esprit, et la chasse. J’ai rencontré plusieurs loups qui m’ont aidé, je m’en rends compte seulement maintenant. Tu es l’un d’entre eux. Et tant pis si tu me tues, ou du moins essaie, parce que tu comprends que c’est de ma faute si tu en es là, ou que tu réalise que je nuis à ta maîtresse, mais je suis incapable de mentir. Je préfère encore me battre et perdre que de faire sembler de t’aimer!

Il avait été dur, mais il détestait Pandore. Il ne pouvait pas être ami avec quelqu’un qui l’approuvait.

Medrahsk laissa Prolyxe le griffer et le mordre, n’ayant pour seule réaction que de reculer sous l’impact lorsqu’elle lui sauta dessus. Il n’en avait rien à faire, qu’elle l’attaque. Il ressentait la douleur, oui, mais avais appris à l’ignorer. Il ne pouvait même pas y succomber… Sauf si l’attaque venait d’un membre du clan de la mort, ce qui… … était le cas. Il sourit intérieurement. Elle pouvait le tuer! Elle pouvait, involontairement, le libérer de son mal! Et sa mort porterait un coup fort à Pandore. Toutes les personnes qui comptaient pour lui seraient plus en sécurité s’il mourrait, à nouveau. Il devait donc provoquer la petite, la forcer à le tuer. Mais elle voulait le torturer, pas l’éliminer… Il devrait faire fort.

- Est-ce donc tout ce que tu peux faire? N’avais-tu pas un pouvoir grandiose capable de me détruire en un rien de temps? Où est-il? Je ne suis pas encore mort, à ce que je sache, puisque je te parle encore. Vas-y, montres-moi un peu! Ou peut-être que ce n’était que du bluff!? TUES-MOI SI TU L’OSES!!

Il s’était laissé emporter. Et puis c’était illogique, si la Prolyxe essayait de le tuer, et surtout en prenant son temps, Pandore viendrait la remettre à sa place. Elle devait déjà être en route. À moins que la petite n’ait dit vrai? Et si ses pensées étaient vraiment brouillées? Alors il devait tenter le coup. Il devait en mettre encore plus. Qu’est-ce qui pouvait le mettre le plus en colère, lui, en tant que loup mort? Il savait…

- C’est de ma faute si tu es morte, tu le savais!? Tu pourrais être vivante si je n’avais pas existé! Vivre ta vie, avoir des émotions. Tu pourrais avoir des amis! Parce qu’ils n’auraient pas peur de toi! Parce qu’ils n’auraient pas une maîtresse pour les en empêcher en leur disant que les émotions ça rend faible! ALORS TU ATTENDS QUOI POUR ME DÉTRUIRE DÉFINITIVEMENT!!?

Des larmes roulèrent sur ses joues. Il devait mourir, c’était son devoir, la rébellion ultime contre Pandore. Mais au fond, il n’en avait pas envie…

Medrahsk fut déçut. Il aurait dû s’en douter qu’elle ne tomberait pas dans le piège. Elle l’avait dit elle-même, elle adorait manipuler les autres. Mais du coup, elle le laissait tranquille, ce qui était aussi bien. Il pouvait retourner à ses errances et ses pensées. Tout de même, il avait cru un instant qu’elle voulait sincèrement l’aider, puis qu’elle voulait le tuer, mais là il ne comprenait plus. Que voulait-elle à la fin? En tous cas, chose certaine, elle lui avait permis, temporairement, de se voiler à Pandore. Il devait se concentrer là-dessus. Maintenant que la petite était partie et n’avait plus d’influence là-dessus, Pandore allait vouloir le punir. Il ne devait pas rester là. Il ne devait pas savoir où il allait, non plus, pour pas que Pandore puisse prédire et envoyer quelqu’un l’attendre. Son éternelle errance sans but… Une fois de plus. Se forçant à arrêter de réfléchir, pour donner le moins d’indice possible à l’Alpha de la mort, il commença à courir, sans même prendre le temps de regarder dans quel direction il était parti. La dernière phrase de Prolyxe résonna à ses oreilles : « Surveille tes arrières, nous te surveillons tous. » Ce n’était pas différent de d’habitude, et pourtant… Ça lui faisait peur d’une certaine façon. Maintenant, il était sûr que la prochaine fois qu’il mettrait les pieds sur le territoire des morts, il ne s’en sortirait pas.