Paysage si charmant... (Privé Andy)

---------► L'oasis Doushite. C'était l'endroit où Andy avait rencontré Medrashk, il lui semblait. Cela faisait déjà une saison de ça, mais il s'en souvenait encore comme si c'était arrivé il y a à peine un croissant de lune : le mignon minois du petit louveteau, son air soumis qu'il tentait de cacher derrière de grandes paroles et des gestes batailleurs... Mais tout en lui trahissait son inconfort face à Andy. Après tout, c'était un petit louveteau soumis, au service de Pandore, qui tentait d'attaquer l'un des alphas les plus puissants depuis la création du Monde. L'indifférence d'Andy le rendait particulièrement difficile à cerner, ce qui pouvait parfois donner froid dans le dos... Personne ne le connaissait vraiment, c'était sûrement pourquoi tous se sauvaient. Malgré son côté solitaire et ténébreux, il n'était pas méchant et détestait partir à la guerre ; la mort et la torture étaient des choses qui, à ses yeux, étaient inutiles et ne méritaient pas d'exister. Il s'en servait le moins souvent possible, et quand il le faisait, il s'assurait de tuer sa victime dans une mort sans agonie, rapide & pas souffrante du tout. Mais vaincre la Mort par la mort, ce n'était pas évident...
---------► Il secoua sa tête pour chasser ses pensées. Combien de fois se surprenait-il à penser au mauvais avenir qui pouvait subvenir sur les terres des Élémenloups ? La Mort avait beau être immortelle, il n'était pas si difficile de trouver une méthode pour la vaincre. Cinq puissants alphas qui joignaient leur force n'avaient rien à craindre d'un seul clan, surtout quand il était gouverné par un dictateur cruel, une louve impulsive qui ne pensait qu'aux souffrances qu'elle pourrait infliger ! De plus, Andy était brillant, son indifférence lui gardait la tête froide même pendant des situations où il semblait acculé. Ainsi, la victoire était presque assurée pour les bons de ce Monde. Se penchant au dessus de l'oasis, il but quelques gorgées d'eau fraîche. Alors que le mercure commençaient à descendre en flèche, les fraîches matinées automnales étaient beaucoup plus frisquettes que leurs consoeurs estivales... L'alpha releva son museau, de petites goutelettes parsemant les brins d'herbes qui poussaient à ses pieds. L'oasis, situé dans une longue étendue désertique denuée de toute vie, même pas des insectes ou des lézards, était le seul endroit vivant à des lieus à la ronde. Quand Andy n'avait rien à faire, et une soif quasi-insatiable, il se dirigeait vers l'oasis, en terres Neutres, qui lui permettait de réfléchir un peu. Presque personne ne s'aventuraient là, s'épuisant au bout de quelques kilomètres à travers l'aride désert. Toutefois, en automne, l'oasis était plus fréquenté, puisque même le désert était touché par la descente du mercure.
---------► Un léger craquement de branche vint troubler sa paix. Détruisant le silence absolu, Andy tourna les oreilles dans la direction du bruit ; une silhouette de louve se dressait à quelques mètres. Entièrement grise, ses yeux étaient tournés vers l'alpha, le scrutant jusqu'à la moelle. Il ne s'en soucia guère. Retournant vaquer à ses occupations, il reprit quelques gorgées d'eau et s'étendit dans l'herbe, sourcils levés par l'indifférence comme à l'habitude. Décidement, il ne serait pas tranquille. Pas aujourd'hui...

------► Andy soupira. Décidément, il ne pourrait pas être seul aujourd'hui. Il regarda la petite loupiotte qui pleurait à ses pattes. Elle était étendue, trempant le bout de ses pattes dans l'eau, le regard piteux. Des larmes coulaient sur ses joues poilues, retombant dans l'oasis avec un léger sifflement quand elles atteignaient l'eau. L'alpha soupira à nouveau, découragé. Ne serait-il jamais tranquille, ne serait-ce que pour quelques heures ? Il retourna son regard bleu ciel vers la petite loupiotte. Ses grands yeux verts étincellants par des reflets larmoyants, Prolyxe se leva et alla tremper ses pattes dans l'eau, un peu plus loin. L'alpha ne la suivit pas. Il resta étendu là, remarquant ses sourcils s'arquer un peu plus qu'à l'habitude ; toutefois, au regard, c'était imperceptible. Qui était donc cette petite louve ? Piteuse, elle trempait ses pattounettes dans les légères vagues de l'oasis, reniflant et tentant de cacher ses larmes. Pour la énième fois, Andy soupira. Il en avait marre, marre des loupiots qui venaient lui gâcher ses rares journées ensoleillées où il n'avait pas de travail à faire, marre des journées pluvieuses où le travail s'empilait, marre des guerres, marre de son rôle d'al-- Il s'arrêta. Il devait arrêter, sinon son vieux coeur allait exploser ! Se concentrant, il ralentit son rythme cardiaque, abaissant légèrement les sourcils tandis que son flux sanguin diminuait. Ces légères crises de rages étaient extrêmement rares venant d'Andy, mais comme tout loup normal, il lui arrivait d'avoir des excès de haine. Toutefois, il était facile de les calmer, puisque c'était un loup très terre-à-terre, et ayant tendance à rester indifférent à ses alentours. Ses sourcils reprirent leur position initiale. Regardant Prolyxe se tremper les pattes, il se rasséréna. Si il pouvait s'endormir, là, et qu'elle finisse par se tanner, et s'en aller, il serait tranquille pour la journée. Et puis, il n'avait rien à craidre ; son rôle d'alpha mettait en confiance la plupart des loups qui tentaient de l'approcher, et les loups à qui ça ne fonctionnerait pas, il pourrait aisément les vaincre en se réveillant. Les seuls desquels il devait avoir peur, c'était les quatre autres alphas, qui étaient de son côté et qui ne tenteraient en rien de se battre contre lui ; ils le connaissaient bien, ils connaissaient sa puissance, et puis à part dans le cas d'une trahison, il n'y aurait rien d'avantageux à se battre contre un allié. Ce qui lui laissait Pandore à craindre, mais Pandore envoyait toujours des pions se battre à sa place, et-- Tout fut clair dans son esprit. Il regarda Prolyxe. La petite loupiotte trempait ses pattes, séchant ses larmes et reniflant les dernières traces de sa tristesse : le pion de Pandore ! Il soupira. Marre du travail, marre des guerres; il laissa la petite loupiotte tranquille, ne souhaitant pas s'embriquer dans une bataille pour l'instant. Et puis, c'était qu'un pion ; si elle se montrait aggressive, il n'aurait aucune difficulté à la maîtriser. Faire éclater les veines en quelques secondes, ç'a son avantage sur de simples obstacles dans son chemin...

► La loupiotte fit un tour de l'oasis, puis s'éloigna d'Andy en se postant plus loin sur la berge. Elle avait cessé de pleurer aussitôt qu'il l'eut ignorée. Une preuve infaillible de son petit jeu, qui n'arrivait jusqu'à maintenant à rien ; l'indifférence d'Andy devait profondément la choquer, lui faire perdre tous ses moyens. Mais à ce qu'il pouvait voir, elle avait plus d'un tour dans son sac, et plus d'un sac pour piéger les mâles, ainsi continua-t-elle à jouer le jeu en marchant tranquillement sur la berge, trempant parfois ses pattounettes dans l'eau fraîche de l'oasis. Les grandes herbes humides qui poussaient ça-et-là de l'oasis ne semblaient pas la déranger. Elle attendit quelques instants une réponse de la part de l'alpha, qui n'était pas du tout décider à engager la conversation avec elle. Il réfléchit un instant, pas sûr de devoir répondre à la loupiotte. Si il ne lui répondait pas, elle cesserait sûrement de l'énerver avec de stupides jeux de rôle, mais si il répondait, peut-être se renderait-elle compte qu'il avait depuis longtemps deviné ses intentions. Il rentra un peu son museau dans l'herbe, pensif. Son expression faciale ne trahissait rien, toujours pareille ; des sourcils insouciants haut levés, un regard absent... Il se décida enfin à lui répondre quelque chose, tranquille ;

► Ces simples paroles résonnèrent dans l'air sifflant d'automne, répercutant un faible écho. Il n'avait pas besoin d'en dire plus ; il avait eu la " politesse " de se présenter après elle, et c'était la seule chose qu'elle lui avait demandé. Il avait obéi, poli mais dérangé. Il ne répondrait plus, sauf si elle l'énervait à nouveau. Toutefois, il aurait bien aimé rester seul cette après-midi, seulement pour pouvoir relaxer un peu, dormir, ou seulement se tremper dans l'eau calme de l'oasis...

► Et elle s'en fût, peu satisfaite. Elle fit mine de s'en aller mais ne vint jamais à bout de son geste, trop lassée par l'attitude indifférente d'Andy. Visiblement, son manque d'attention envers elle la choquait, habituée à ce que les mâles tombent dans le panneau. L'alpha connaissait ce genre del louves, malheureusement accoutumé à leur vue. Il ne s'était jamais fait prendre au piège par de telles chipies, mais plusieurs malheureux qu'il avait pu rencontrer dans sa vie s'était laissé enrouler, trop charmés par la beauté de ces demoiselles. Même si la louve tentait ardement de le manipuler, et avait de la difficulté à conserver un bon jeu d'acteur, trop choquée, elle n'était pas sans ses charmes. Son long pelage gris ondulant au gré des vents, ses grands yeux verts émeraude cernés par des poils plus foncés, et un demi-sourire arrogant flottant sur son visage, rien d'autre ne pouvait la distinguer parmi un groupe ; pas d'accessoires, pas de marquages particuliers. Ah, l'élégance de la simplicité !
► Le mâle se retourna, heureux que la louve s'en aille finalement. Elle avait un peu accroché son attention quand elle avait prononcé « message des miens », mais il s'était vite repris ; pendant ses jours sans travail, personne ne venait jamais l'informer de quoi que ce soit, surtout pas un membre du clan de la Mort. Si l'information était vraiment urgente, c'était soit son Bêta qui venait l'avertir, soit un messager, mais sûrement pas une louve manipulatrice, jouant le jeu uniquement pour satisfaire sa triste journée, ennuyeuse à en mourir. L'alpha se recoucha, serein. Aucun problème ne viendrait plus troubler sa tranquille journée, enfin ! ...Puis il remarqua que la louve ne partait pas.

► Le seul mot qu'il prononça, pour indiquer à Prolyxe qu'il avait terminé son discours, que ses « informations » ne l'intéressaient pas. C'était poli, courtois, mais cela voulait tout dire ; « Je ne suis pas interessé par tes propos, j'aimerais être laissé tranquille, au revoir. » C'était tout Andy. D'ordinaire, il se serait contenté d'un regard pour la faire partir, mais cette fois cela semblait inutile ; elle n'était pas décidée à s'en aller sans un mot. L'alpha replongea sa tête dans l'herbe, envoyant valser lse plus longues mèches de ses cheveux dans l'eau fraîche de l'oasis. Et pour la première fois depuis l'arrivée de la demoiselle, il soupira d'aise. Enfin, ses pensées pourraient être occupées à d'autre chose que Prolyxe !

---------► Une énorme créature venait de faire son apparition près de l'oasis. Une ombre qu'Andy ne parvenait pas à distinguer clairement les contours. Il ne voyait qu'une sombre masse qui bougeait, s'approchait lentement de la berge. S'il l'atteignait, il allait probablement attaquer Prolyxe en premier ; c'était elle qui était le plus près de lui. Et puis, s'il attaquait Andy, l'alpha savait quoi faire, de toute façon : son pouvoir était d'une puissance extrême lorsqu'il était bien utilisé, et cela faisait depuis sa naissance qu'il apprenait à le maîtriser, donc son contrôle dessus était quasi-parfait. Laisser la bête déchiqueter Prolyxe sans rien faire lui paraissait, quoique logique par rapport à son clan, complètement horrible ; c'était un manque de civisme. Mais en même temps, cela lui donnerait le risque d'être lui-même attaqué alors que la nature lui donnait quelques temps pour s'enfuir. Et si elle était si puissante, elle pourrait aisément s'en débarasser. De toute façon, les loups de la Mort ne sont-ils pas immortels ? À part pour la souffrance qu'elle peut toujours ressentir, elle ne pourrait pas mourir. Donc même si Andy ne venait pas l'aider, elle souffrirait longtemps, jusqu'à ce qu'ell domine la bête ou alors que cette dernière se lasse d'une proie si désintéressante. Les yeux de la louve était braquée sur cette masse sombre, qui avançait silencieusement vers l'oasis. Son regard paniqué trahissait sa manipulation d'il y a quelques minutes ; elle avait réellement peur. L'alpha ne pouvait pas la laisser comme ça, à trembloter comme une feuille ! Ça ne faisait pas partie de ses valeurs de laisser de pauvres innocents crever comme ça, sans raison. Innocente, elle ? Non. Une louve du clan de la Mort, l'ennemi juré de tous les clans. Une louve qui avait tenté de le manipuler - en vain - , qui plus est ! Non. Elle resterait là à se débrouiller, toute seule. Andy n'en avait que faire de sa survie. Ce n'était pas naturel pour lui de venir au secours de son ennemi...
---------► La créature s'approchant de plus en plus rapidement, Andy déguerpit, courant dans le Désert comme un assoifé ayant remarqué le merveilleux oasis - de paix ? Au rythme auquel il courait, c'était difficile de le retrapper ; il se retourna lorsqu'il eut fait quelques mètres, voir si la louve le suivait.

Spoiler:

► Après le départ d'Andy, elle avait utilisé son pouvoir pour ne faire que brumes, et s'était cachée derrière le monstre avant de se rematérialiser et de partir à courir aux suites de l'alpha. Complètement choquée de son attitude, mais elle continuait de le suivre ! Que voulait-elle donc ? Andy l'ignora. Il continua à courir, capable de tenir ce rythme des heures durant ; il lui arrivait souvent d'avoir à courir de longues périodes de temps, fuyant des ennemis potentiels ou devant rentrer auprès de son fils avant la tombée de la nuit. Il ne faisait pas confiance aux nourrices pour s'occuper d'un peut-être futur alpha, ou désirait simplement que son fils entretienne une meilleure relation avec son père qu'avec elles, mais il tenait toujours à être rentré avant la nuit. Quand ça devenait impossible, même à la course, il dormait à l'extérieur à l'abri dans un pin-compagnon, et repartait au rythme de course aux premières lueurs de l'aube. Cyanure s'inquiétait un temps, mais tombait vite endormi, sombrant dans la fatigue plutôt rapidement même à son âge. Il oubliait alors l'absence de son père, mais le lendemain, à son réveil, il était déjà arrivé et le doux fumet d'exquises marmottes emplissaient l'air de la grande grotte formant la tanière de l'alpha. La plupart du temps, Andy en chassait quatre ou cinq, et en remmenait deux à la maison, pour lui et son fils. Le reste, il les apportait au garde-manger des Métals et laissaient les plus affamés en profiter. Malgré son air de dur-à-cuire méchant et cruel, ce n'était pas du tout ce qu'il était ; avec son clan, il savait se montrer gentil et attentionné. Nous n'irons pas jusqu'à dire qu'il était amical et sympathique, car ce n'était pas dans sa nature d'approcher les gens et d'engager la conversation. Il préférait de loin les éviter, même quand ils étaient de son clan ; mais en période de guerre, c'était crucial de parler à ses troupes afin de les motiver à aller vaincre. L'ennemi était puissant, mais pas plus nombreux qu'eux tous ensemble : ils vaincront, sans aucun doute !
► J'avais attendu une bonne réputation du clan du Métal, mais il me semble qu'elle ne s'adresse pas à son chef ! Ses paroles résonnèrent à son esprit comme un faible écho. Tsss ! une louve de la Mort qui osait lui reprocher ça ? Elle tentait de cacher son jeu, mais ça paraissait plus que les feuilles des arbres qui tombaient sur le sol, fuyant l'inexorable hiver. Aucune louve, peu importe son clan, n'aurait tenté de manipuler un alpha, et surtout pas en tant de guerre où les relations étaient si importantes. De plus, tous les clans connaissaient Andy, et toutes les louves savaient que toute maoeuvre de manipulation était vouée à l'échec ; c'était comme ça depuis que le loup était chef du clan. Première preuve appuyant le fait que la louve venait du clan de la Mort. Après, l'aura qu'elle dégageait était différente de toutes les autres, de tous les clans ; le même que quand il avait vu Medrahsk pour la première fois. L'aura s'échappant de Medrahsk à sa rencontre était beaucoup plus puissant, et ça paraissait beaucoup plus qu'il était du clan de la mort comparativement à celui de Prolyxe, qui était beaucoup plus subtil ; mais on pouvait quand même le sentir. Jamais il ne risquerait sa vie à aller sauver l'ennemi. Andy ne jouait pas les héros !

► Ces paroles émirent un doux écho dans la grande étendue désertique. Continuant sa course, espérant atteindre les terres des Métals, il réfléchit. Il était en train d'entraîner une louve de la Mort dans les terres de son clan ! Il repensa à comment la semer. Il devait absolument la perdre avant d'atteindre son clan ! Comment ? Il bifurqua vers la droite. La créature était assez loin, ils ne l'atteindraient pas et elle non plus. La droite continuait pendant quelques heures et atteignait ensuite d'autres terres libres, dans lesquelles l'alpha pouvait relaxer un peu et reprendre son souffle. Puis, il fuierait alors que la louve ne le voyait pas. Si ça tournait mal, il lui restait toujours son pouvoir...

Spoiler: