Un moment d'inattention... [ PV Andy ]

Depuis un moment déjà Medrahsk marchait. Son pouvoir ne s’était pas activé depuis quelques temps et Pandore ne semblait pas lui trouver d’utilité présente. Du coup, il était un peu libre de se promener. Comme chaque fois que cela arrivait, il allait au hasard, sans vraiment savoir où il mettait les pieds, seul avec ses pensés et faisant tout pour éviter de rencontrer un autre loup. Dans un tel cas, il devrait être méchant avec lui et le regretterait. De plus, cela finirait sûrement en affrontement et Medrahsk avait horreur de se battre. De toute façon il perdrait s’il se battait. C’est pourquoi en général il s’enfuyait dès qu’il sentait la présence d’un autre loup. Étant très discret, s’étant habituer au manège avec les années, ses compères ne se rendaient même pas compte qu’il était passé par là, ni ne se doutaient qu’il existait. Ce qui était pour le mieux. Moins on en savait sur lui, et mieux c’était pour nous. Il était beaucoup trop près de Pandore.

Tout de même, parfois il rêvait de pouvoir rencontrer d’autres loups. De pouvoir avoir un contact qui ne fut pas agressif avec un loup, voir même une louve. Il aimerait pouvoir voir sa sœur, ou se trouver une compagne. Mais il avait dû faire une croix là-dessus longtemps auparavant, le jour où il avait rencontré Pandore. S’il n’avait pas été curieux, s’il n’avait pas suivit son pouvoir, rien de tout ça ne se serait passé. Il aurait des amis à ce jour et jouerait avec d’autres louveteaux. À la place, il était condamné à errer sans but jusqu’à ce que Pandore soit vaincue, ce qui le libérerait, ou jusqu’à ce qu’elle gagne. En un tel cas, elle n’aurait plus besoin de lui et se débarrasserait de lui. Mais de toute façon, même la mort était préférable à son sort actuel.

Il avait bien essayé de se tuer, plusieurs fois même. Mais il n’avait jamais réussit. Il lui avait fallut du temps pour trouver le courage de le faire, pour ensuite se rendre compte que son seul salut résidait en la raison même de son calvaire. Seul Pandore pouvait le tuer. Mais elle ne le ferait pas. Il lui était encore utile.

Prenant la peine de regarder autour de lui il se rendit compte qu’il était au bord d’une oasis. Le soleil se couchait au loin, créant des jeux de couleurs dans l’eau. Voulant contourner cet obstacle pour se remettre en route, Medrahsk tomba nez à nez avec une rivière. Elle était très étrange. Elle ne brillait pas de couleurs teintées d’orangé et de rouge comme l’eau de l’oasis. Les rayons du soleil se rendaient pourtant jusqu’à l’eau de la rivière. Elle était quand même… Noire? L’eau était-elle réellement noire? Non, il devait divaguer. Son âme était noire. Noire des tortures qu’il s’infligeait lui-même, mais l’eau ne pouvait pas être noire. C’était un jeu de lumière, qu’il n’arrivait pas à s’expliquer, c’était tout.

Cherchant ce qui pouvait bien donner cette couleur à l’eau, il croisa son regard, au travers de son reflet. Des yeux jaunes, trop jaunes, et une fourrure qui se fondait à la couleur des remous. S’il n’avait pas eu des mèches grises, il n’aurait même pas pu dire si son pelage se reflétait réellement dans l’eau. Mais il voyait les mèches. Noir et gris. Alors que sa sœur, Maeya, était bleutée. Avant sa rencontre, était-il comme elle? Était-il du même bleu si clair qu’au soleil on eu crut du blanc? Était-il d’une autre couleur? Pourquoi n’arrivait-il pas à se souvenir d’un détail si important?

Une larme monta dans ses yeux. Pleurer. Il n’avait pas pleuré depuis longtemps. Pourquoi maintenant? Parce que la beauté des lieux, dont il ne pouvait même pas profiter, contrastait trop avec sa vie et lui rappelait à quel point il était peu enviable? Peu importait. Il laissa couleur la larme, la regarda s’écraser dans l’eau, puis créer des vaguelettes qui déformèrent ses traits. Une autre larme tomba. Sans broncher, le jeune loup resta là, les oreilles basses, à observer son propre reflet.

Medrahsk essuya ses larmes, jugeant qu’il s’était arrêté déjà beaucoup trop longtemps. Il ne comprenait pas le phénomène de cette eau, il ne comprenait pas non plus pourquoi il était encore là, il était en fait totalement confus. Il releva le regard, prenant une inspiration discrète pour se redonner le courage de plonger dans cette vie qu’il détestait tant. Où irait-il? Il ne le savait pas. Tout droit. De toute façon, peut importe dans quelle direction il partait, il allait finir au même endroit, devant Pandore.

D’un autre côté, cela le réjouissait presque. Avec cette guerre qui se préparait, il n’en avait plus pour longtemps. Si Pandore perdait, il serait tué, et alors libéré de son sort. Si Pandore gagnait, elle le tuerait, le jugeant inutile un coup les loups exterminés. Du coup, Medrahsk avait hâte à cette guerre. En même temps, il aurait aimé que l’une des options implique sa survie et un retour à une vie normale…

Laissant tout cela de côté, il se mit en route. Puis s’arrêta, quelques pas plus loin. Il venait de voir qu’il n’était pas seul. L’autre loup était-il au courant de sa présence? Probablement. Savait-il qu’il était un serviteur de Pandore? Non. S’il l’avait su, il ne serait pas resté là tranquillement… à dormir. Que faire, l’ignorer? Trop tard. S’il le laissait là sans rien faire, Pandore le châtierait. Il n’osait même pas imaginer ce qu’elle pouvait lui faire subir. L’attaquer alors? Quelles étaient ses chances de gagner? Contre un loup plus âgé que lui et qui se promenait seul ainsi, et donc qui devait savoir se battre, aucune.

Parfois, Medrahsk aurait aimé que son pouvoir fonctionne différemment. Il savait d’avance quand et où un loup allait mourir, mais son pouvoir attendait toujours qu’il soit trop tard pour le sauver avant de le prévenir. Medrahsk ne saurait si sa victoire était possible que lorsqu’il porterait un coup fatal à son adversaire. Si au moins il pouvait avoir la certitude qu’il n’allait pas gagner, il aurait put fuir et avoir une bonne raison.

Ou alors essayer de s’approcher pour le tuer d’une seule attaque. Comme il dormait, ce ne devrait pas être dur. Medrahsk n’avait toutefois jamais tué. En serait-il capable? En avait-il le choix? Oui. S’il se battait, au moins, il voulait un combat loyal. Pandore ne pourrait pas lui en vouloir.

Il s’avança donc jusqu’à être à limite de portée d’un saut de son adversaire, jugeant à sa musculature et son physique, avant d’essayer d’avoir l’air menaçant. Grognant du mieux qu’il le pouvait, essayant d’avoir une voix imposante, il lança :

- Si j’étais toi je fuirais, avant de rejoindre la grande armée de Pandore.

Le jeune espérait avoir été un minimum convaincant, et que son adversaire choisirait la fuite. Obligé de lui courir après, Medrahsk perdrait sans doute sa trace rapidement. Si ce loup courait vite et savait se cacher… S’il choisissait de l’affronter, et bien qu’il en soit ainsi. Et puis, perdre ne pourrait que soulager Medrahsk.

Medrahsk se raidit lorsque le loup passa à côté de lui. À côté? Il se retourna. Visiblement, il ne lui faisait pas peur du tout… Mais qui aurait peur d’un jeune loup au regard effrayé et à la voix tout sauf menaçante? Apparemment, pas lui. Et il était évident que l’autre loup se moquait de lui. Non seulement il n’avait pas peur, mais il se retenait de rire! C’était peut-être mieux ainsi. Mais Medrahsk était confus, il ne savait plus quoi faire, ou alors quoi dire. Il était figé là sur place et il avait l’air idiot.

Une fois de plus, il se mordit la langue. Combien de fois l’avait-il fait? Chaque fois qu’il avait rencontré un autre loup… Chaque fois, tout était allé de travers. Il était un échec, et il le resterait toujours… Rien ne pourrait lui arriver de bon. Alors dans ce cas, pourquoi écouter ce loup et simplement s’en aller? Entre se faire battre par lui ou se faire torturer par Pandore, qu’est-ce qui était le plus souhaitable?

- Je… Je n’ai pas le choix. Je ne l’ai jamais eu.

Se ressaisissant, il bondit vers le loup. Il ne l’atteindrait pas, il le savait. Non seulement n’avait-il jamais été capable de faire du mal à qui que ce soit, mais en plus il n’avait jamais eu le temps de réagir lorsqu’il avait fait semblant de l’attaquer. Ce loup était beaucoup plus rapide que lui, et probablement plus fort physiquement. En plus, il avait peut-être un pouvoir qui pouvait lui être utile au combat. Medrahsk, lui, il ne lui servait à rien, son pouvoir, sauf à gâcher sa vie.

Il sentit sa gueule se refermer dans le vide. Il n’avait même pas eu le temps d’atteindre son adversaire qu’il avait flanché. Il ne voulait pas lui faire de mal réellement. Pourquoi s’entêtait-il à être différent de ce qu’il était? Parce qu’il n’avait pas le choix. Parce qu’il n’avait plus le choix. Il attendit donc avec horreur la réplique de son adversaire, sachant qu’elle serait précise et dévastatrice… Même si elle ne lui ferait absolument rien.

Medrahsk sentit sa peur être remplacée peu à peu par de la confusion. Non seulement le loup ne l’avait-il pas attaqué, mais il avait parlé… pour dire quelque chose d’incompréhensible. Tout ce que Medrahsk comprenait était ce qu’était la destinée. Tout ce qu’il y avait autour, il ne voyait vraiment pas de quoi il s’agissait. Mais si ça parlait de destinée, peut de chance que ça change quoi que ce soit. Le jeune loup de la mort n’avait tout simplement pas de destinée, ou encore d’avenir.

Il avait aussi parlé de choix. Mais ça ne changeait pas plus de détails. Medrahsk n’avait aucun choix. Il devait se contenter d’obéir, ou alors il le regrettait. La dernière fois qu’il avait désobéi, le jour où il avait sauvé sa sœur, Maeya, Pandore l’avait puni. Il ne voulait pas être puni de nouveau, c’était trop difficile à supporter. Il n’arriverait pas à conserver le peu de lui qu’il lui restait si jamais elle recommençait.

À cette fin, il devait en finir avec le loup, peu importait ses belles paroles. S’il ne faisait rien, il était fichu. Mais il savait qu’il était incapable de le tuer. Non seulement il n’était pas assez fort, mais en plus il n’arriverait jamais à mobiliser assez sa volonté. Que faire?

Peut-être demander des explications? Quel mal y avait-il? En quoi cela menaçait Pandore de savoir ce qu’il avait voulu dire? Mais si c’était un moyen de déjouer le lien qui l’unissait à Pandore, alors ça la menaçait. Mais si c’était cela, de le savoir lui serait utile! Peu importe ce que c’était, ça ne pouvait pas lui nuire. Alors il devait demander.

- Je suis désolé, mais je n’ai rien compris à ce que vous avez dit… Pourriez-vous… M’expliquer ce que ça veut dire?

Il se sentait stupide. Mais de toute façon, après la petite démonstration d’incompétence qu’il avait faite, cela ne pouvait pas empirer…

« - Je suis désolé, mais je n’ai rien compris à ce que vous avez dit… Pourriez-vous… M’expliquer ce que ça veut dire ? »



► La voix de Medrahsk sonnait dans la nuit. Il faisait sombre et seul la lune et les lueurs sur le pelage d'Andy illuminaient l'horizon ainsi que le visage du loupiot. Sa voix était faible, dénuée d'assurance. Il était soumis à Pandore, et cela paraissait. La queue entre les pattes, les oreilles plaquées sur la tête, il voulait se montrer imposant, mais cela ne fonctionnait pas - surtout pas avec Andy. L'alpha le regarda et, un peu ébêté par sa réponse, entreprit de lui répondre, mais aucun mot ne lui sortait de la bouche. À vrai dire, il ne savait même pas lui même ce que signifiait ce qu'il venait de raconter. Il réfléchit un instant, tentant de trouver une signification juste à ces paroles, puis ouvrit la gueule ;



- Pandore n'a pas le droit de te diriger. Tu es le maître de ta vie, et elle n'a pas le droit de t'obliger à faire des choses que tu ne veux pas faire.



► Satisfait par ces mots judicieux, l'alpha se retourna et s'étendit de tout son long près de l'oasis, les pattes trempant dans l'eau. Il plongea son museau et but quelques gorgées, puis ferma les yeux, prêt à entreprendre une longue sieste. Il oublia complètement Medrahsk pendant un instant, puis rouvrit les yeux et le regarda. Des souvenirs remplirent sa tête. Solème. Ses petits. Sa nouvelle vie en tant que père. Puis il pensa à la vie que devait mener Medrahsk. Une vie de merde, se dit-il. Lui il était chanceux, il était alpha, c'était lui qui faisait les lois, et puis son clan n'était pas soumis à de nombreuses règles car il n'était pas très sévère. Il vivait sous ses propres règlements et valeurs, personne ne lui imposait quoique ce soit, il décidait de la vie qu'il menait, d'où il allait, quand ça lui chantait. Le pauvre loupiot lui devait suivre les ordres qui lui étaient donnés, sous peine de mort, par cette tyrannique Pandore qui semait la loi partout où elle foulait les terres, il devait se plier à ses terribles valeurs et devait tuer quand Pandore le décidait. Ses valeurs à lui étaient probablement quelque part dans son coeur, enfouies au plus profond de son être, attendant quelqu'un de bien à qui elles pourraient se montrer, quelqu'un qui lui redonnerait le courage qui pourrait creuser ses valeurs et lui faire tenir tête à Pandore. Et si ce quelqu'un, c'était Andy ?

Le jeune loup se pétrifia sur place. Ce qui le poussait à obéir, c’était sa sœur, Maeya. Mais il ne devait pas penser à elle, car si Pandore découvrait l’endroit où la louve se trouvait, il ne se le pardonnerait jamais. Il devait se changer les idées. En se concentrant sur la réponse qu’il allait donner, par exemple. Il y avait d’autres raisons, et il devait les trouver. Et ça le détournerait de sa sœur.

Mais avant : Voulait-il vraiment répondre à la question? Le loup semblait vouloir l’aider, il n’avait donc aucune raison de lui mentir ou de lui cacher quoi que ce soit. En même temps, l’aider était dangereux, et Medrahsk ne pourrait plus regarder son reflet dans l’eau si un loup mourait à cause de lui. Déjà de savoir que Pandore tirait une partie de sa puissance de son pouvoir à lui, c’était horrible…

- Vous savez, il est dangereux d’essayer de m’aider. Pandore le saurait, et elle n’apprécierait pas du tout. Je refuse d’être la cause d’un meurtre, à défaut de pouvoir refuser d’en être l’auteur… Quant à mes raisons d’obéir à Pandore, je juge qu’elles ne vous concernent pas le moins du monde. Vous ne pourriez rien y changer de toute façon.

Medrahsk se dit qu’il était préférable qu’il ne reste pas. Pourtant, il n’arrivait pas à se retourner et partir. Ses muscles refusaient de lui obéir. Pourquoi? Parce qu’une partie de lui, plus forte qu’il ne l’avait imaginé, voulait qu’il se confie, voulait accepter cette aide, croyait que le loup avait le droit d’avoir une réponse qui répondait au moins, même si elle ne le faisait que vaguement, à l’interrogation posée. Le jeune loup céda. Il s’approcha de l’eau et prit une gorgée. Il avait la gorge sèche. Pour un mort, s’était étrange…

- Il y a une vie en jeux. Une vie qui mérite de pouvoir vivre sans connaître la peur qui me suit partout. Si je n’écoute pas Pandore, cette vie que je protège en sera menacée. Je ne pourrais me pardonner s’il lui arrivait quoi que ce soit.

Il pouvait s’imaginer la réaction du loup. Ce dernier lui dirait : « À quoi ça sert de protéger une vie, si c’est pour en détruire plein d’autres, qui méritent tout autant de vivre? » C’était vrai, c’était stupide, mais…

[b]- Vous savez, je n’ai jamais tué personne. Je n’ai jamais eu le courage de porter ne serait-ce que le premier coup…[/

Medrahsk regarda le soleil se coucher sans ressentir beaucoup d’émotions. Puis l’autre loup s’approcha de lui un peu. Pourquoi? Medrahsk se dit qu’il devait faire plus froid. Il ne sentait pas les variantes de températures, lui. Toutefois, alors que l’autre approchait, il ressentit quelque chose d’étrange. Le voir ainsi, dans le noir, avec les grains de sables coincés dans son pelage qui brillaient tels des étoiles à la lueur de la lune, ça avait quelque chose de… beau. C’était une image que Pandore ne pourrait pas lui voler, ça.

Un instant : Pandore ne pourrait pas lui voler? Elle ne pourrait pas lui voler! Il avait enfin quelque chose qui lui appartenait à lui, et qu’elle ne pourrait ni détruire, ni s’approprier! Et tout ça grâce à cet autre loup! Une larme, mélange de bonheur et de souffrance anticipée en pensant au châtiment que Pandore lui infligerait, glissa sur sa joue. Puis il entendit la question de son interlocuteur :

« Une vie en jeu… Le désir de protection est donc si intense? »

Intense? Bien sûr que oui! Maeya était sa sœur! Sa famille! Son sang! Et puis…

- Vous savez… Moi je n’ai plus de vie. Ma vie à été détruite, totalement anéantie par Pandore, qui l’a reconstruite à sa façon et se l’est approprié. Ce n’est plus ma vie, et elle ne m’appartient plus. La seule raison que j’ai trouvé de continuer le combat, c’est d’empêcher à un autre qu’il lui arrive la même chose. Mon propre sang… La vie qui se rapproche le plus de la mienne. Oui, c’est intense, car c’est tout ce qui me reste…

Cette fois, les larmes étaient des larmes de peines. Sa vie n’allait pas mieux, peu importe ce que le loup disait. Mais au moins il pourrait mieux protéger Maeya, grâce à ce qu’il permettait en lui. D’ailleurs, il ne savait pas pourquoi il lui faisait confiance. Il se sentait bien, et… En sécurité, en sa présence. C’était la première fois qu’il ressentait cela…

Le jeune loup ressentit un frisson étrange alors qu’il sentait la douce fourrure de l’autre loup, qui s’était collé sur lui. Il arrêta de pleurer et essaya d’analyser ses émotions. Mais il n’y parvint pas. Il était… comme obsédé par la présence, un peu trop intime, de l’autre loup. Pourtant, ça ne le dérangeait pas, au contraire! Il ne voulait pas qu’il s’éloigne, et appréhendait déjà le moment où ils devraient se séparer. Il ne savait pas pourquoi, c’était illogique, et pourtant, comme cela, il se sentait à l’abri de Pandore, comme si elle ne pouvait plus rien contre lui, juste parce que l’autre était là. Peut-être était-ce à cause de son attitude. Il semblait savoir tant de chose, ne semblait avoir peur de rien, et… Ses muscles étaient… Medrahsk aimait tellement la sensation de les sentir bouger au rythme de la respiration du loup. Il pouvait même entendre son cœur battre. Il battait vite… trop vite…

Oubliant son confort, il s’écarta un peu et donna un coup de langue inquiet sur la joue du loup.

- Est-ce que ça va? Ton cœur bat anormalement vite. Crois-tu que tu as besoin d’aide? Je peux essayer d’aller chercher un médecin, si tu veux.

Mais que venait-il de dire? Il n’avait pas le droit! Pandore allait le tuer. Mais… Pour une fois, il avait l’impression d’être lui. Il avait l’impression que le lien qui le liait à Pandore avait diminué de puissance, même s’il savait au fond de lui que c’état faux. Mais il s’en fichait complètement. Il ne voulait pas que l’autre loup ait mal, et était prêt à tout pour l’aider. Sauf peut-être défier Pandore, il n’y arriverait pas. Mais il tenterait le coup, si c’était le seul moyen.

Medrahsk fut déçut. Il aurait tant aimé que l’autre loup se colle encore contre lui, comme un peu plus tôt. Mais plus tôt, il l’avait réconforté… rien de plus… Il n’aimait juste pas voir un jeunot pleurer. Et pourtant, cette idée… elle faisait souffrir Medrahsk. Il s’écarta d’un pas. Il se serait écarté plus, mais il en fut incapable, car son cœur fut percé d’une douleur qu’il n’avait jamais connu jusqu’à maintenant. Le jeune loup ne comprenait plus, toutes ces émotions qu’il ressentait pour la première fois… Pourtant ce loup n’était pas le premier à l’aider, il y avait eut Urion. Ce dernier l’avait autant aidé. Alors pourquoi Medrahsk n’avait pas réagi de la même façon? Pourquoi maintenant, et qu’est-ce que ça voulait dire?

Et pourtant, il était certain d’avoir déjà vécu une souffrance semblable. Pas la même, moins forte, mais très ressemblante. Oui, chaque fois qu’il voyait Maeya. Il ne voulait pas que le loup souffre, et il savait que sa seule présence allait sans doute gâcher sa vie. Il était une épine dans sa patte, l’autre loup ne voulait pas vraiment de lui. Il ne faisait que le réconforter, et un coup cela fait, il lui dirait au revoir et s’en irait. Un de plus, dans le fond. Et pourtant il se sentait blessé à cette idée, et espérait que ce soit différent.

Et même si ce l’était? Ils ne pouvaient pas rester ensemble. Medrahsk était un loup de Pandore, il était mort. Et l’autre loup était vivant. Si on les voyait ensemble, on penserait que ce dernier était un traître! Medrahsk savait qu’une fois de plus, il devrait se privé de ce qui comptait pour lui. Il n’avait pas le choix.

- J’ai toujours réussi à me débrouiller seul et à éviter les mauvaises rencontres… enfin… la plupart du temps. Aller chercher un médecin ne serait pas compliquer pour moi, lui seul me verrait. Tu…

Il se rendit compte qu’il tutoyait le loup depuis un moment. Il avait envie de pouvoir le considérer comme son ami et le tutoyer, mais… Si l’autre n’en avait pas envie? Il n’avait peut-être juste pas encore remarqué.

- Vous n’avez pas à vous inquiéter pour moi. De toute façon, je suis déjà mort, je ne peux pas mourir de nouveau… Sauf si Pandore le désir…

Une pensée de la l’Alpha de la mort, et s’en était fini de lui. Mais elle ne le ferait pas, parce qu’elle avait besoin de lui. En quête d’un minimum de soutient, il tenta de plonger son regard dans celui du loup. Il n’avait jamais regardé un autre loup dans les yeux. Et si son interlocuteur n’aimait pas ça?

Medrahsk croisa le regard du loup, mais fut incapable de déterminer ce qu’il y voyait. De voir ses yeux à lui, en tous cas, ne semblait pas plaire à son interlocuteur, qui ne cessait de dévier le regard. On aurait dit qu’il se sentait… pas intimidé… gêné. Le jeune loup de la mort ne voulait pas qu’il subisse cela, mais n’arriva pas à détourner le regard. Il… il ne voulait pas… Il allait se résoudre à détourner le regard lorsque la voix retentit de nouveau.

« - Ce sont les plus beaux yeux que j'aie jamais vus. La couleur est tellement intense... C'est étonnant que Pandore n'en soit pas envoûtée. »

La voix explosa à ses oreilles, répandant en lui un frisson. Il n’avait pas eu peur à la mention de Pandore, tout ce qu’il avait réellement entendu était le compliment. L’autre loup… il semblait sincère… Medrahsk approcha. Il aurait bien rendu le compliment, mais c’était la première fois qu’il voyait réellement les yeux d’un loup, c’était normal que ce soit les plus beaux…

Lorsqu’il fut près du loup, au point ou leurs museaux se frôlait, il prit une profonde inspiration, s’imprégnant de son odeur. Une odeur réconfortante, sécurisante, et… il ne put dire ce qu’il y avait de plus. Le loup… il… il semblait ressentir ces émotions pour la première fois, lui aussi. Alors dans ce cas, tous deux étaient au même point, le point de départ.

Et cette odeur… ce quelque chose de… différent… ça le rendait mal à l’aise. Mais pas que ça. Lui aussi il dégageait cette odeur. Et il se sentait… différent. Quelque chose avait changé… du côté anatomie… Était-ce normal? L’autre… s’en était-il rendu compte? Et pourquoi le fait de savoir que lui aussi vivait cette… modification… lui faisait-il autant d’effets supplémentaires?

S’il ne se contenait pas, il sentait qu’il allait… il avait envie de lécher ce loup, dont il ne connaissait même pas le nom… mais il ne voulait pas le savoir. Ça n’avait pas d’importance. Ce qui avait de l’importance, c’était le moment. Mais il hésitait, et son interlocuteur aussi. Ce dernier ne semblait pas réussir à se défaire de sa gêne. Alors Medrahsk prendrait l’initiative… pour une fois. Cette perspective lui donna des difficultés à respirer. Il avait l’impression que son cœur battait. Comme s’il avait repris vie, soudainement.

Il approcha lentement son museau du visage du loup, cédant à ses impulsions. Il lui donna quelques coups de langues timides. Il ne savait pas pourquoi, mais ça alluma encore plus ses émotions. Et pour cette raison, il s’obligea à arrêter. Il avait peur. Il n’arrivait pas à se débarrasser de cette sensation de frayeur. Pourtant, ce n’était plus de pandore, dont il avait peur, il se moquait bien d’elle présentement. Non, il avait peur de faire peur à l’autre. Si la gêne de ce dernier prenait plus d’ampleur, et qu’il préférait s’en aller? Medrahsk ne voulait pas qu’il s’en aille. Il ne voulait pas retourner à sa vie, à ses problèmes. Pas tout de suite…

Medrahsk sentit de l’espoir en lui quand le loup s’approcha et le lécha. Alors lui aussi, ressentait vraiment cela, et le désirait? Était-ce possible? Il fut déçu lorsqu’il s’arrêta. Pourquoi s’était-il arrêté? Avait-il donc simplement rendu les quelques coups de langue que le jeune loup lui avait donné? Par politesse? Non. Ses coups de langues, bien qu’autant timide que ceux de Medrahsk au départ, étaient devenu… il n’avait pas d’adjectif à y mettre. Mais le loup avait aimé cela. Avait-il arrêté parce qu’il croyait que le jeune loup de la mort n’aimait pas? Il était vrai qu’il n’avait pas réagi. Il n’avait tout simplement pas su comment il devait réagir!

Il allait réagir justement, lorsque l’autre parla. Sa voix. Sa voix toujours calme, sans émotions, froide, comme calculée. Non, c’était faux, il y avait une émotion, de la haine. De la haine? Pour Medrahsk? Non, ça ne se pouvait pas… Il n’aurait pas fait tout ça s’il l’avait détesté. Et puis il dégageait encore cette subtile odeur étrange qui faisait toujours autant d’effet… non, encore plus d’effet, à Medrahsk, maintenant qu’ils étaient si près l’un de l’autre… Alors pourquoi cette haine?

Puis le jeune loup se rendit compte d’une chose : Alpha! Il avait dit Alpha! Comment…? Un Alpha devait penser au bien de son clan non? Et lui, il fraternisait avec l’ennemi! Non. Medrahsk n’était pas un ennemi. Un ennemi, c’était une menace. Lui, au plus, il était… un divertissement. Il voulut s’en aller. Andy ne devait le prendre que pour… Non. Il ne devait pas partir. L’Alpha ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait, tout comme Medrahsk. Il… Le fait qu’il était Alpha ne changeait rien, il avait un cœur, comme les autres. En fait… Le fait d’être Alpha… Aucun loup ne devait réellement lui parler, et ceux qui s’intéressaient à lui devaient s’intéresser à lui pour son pouvoir. Medrahsk avait probablement été le premier à être sincère avec lui. Et Andy avait été le premier… non, il y avait eu Urion. Mais Andy était le seul qui avait réussit à l’aider. Qui avait passé outre le fait que Medrahsk était mort, et qu’il l’avait attaqué. Qui avait remarqué que Pandore le contrôlait, le manipulait, et avait essayé de l’en délivrer. Essayer… et réussit en partie.

Mais comment prendrait-il ce silence? Mal… Le loup de la mort devait parler. Il devait dire quelque chose. Mais il n’avait pas le goût de le faire. Pourquoi l’Alpha lui avait-il dit son nom? Il aurait préféré qu’il ne le fasse pas. Les noms… C’était inutile dans ce genre de situation. L’odeur, la démarche, le regard, c’était comme cela qu’on reconnaissait un loup, pas à son nom. Le nom peut changer, n’importe quand. Le reste, ça ne change pas, ça évolue, au fur et a mesure que le loup évolue. C’était comme cela, qu’on reconnaissait un loup. Et Andy le savait. Medrahsk comprit : la haine, c’était la haine de l’identité. L’alpha pensait comme Medrahsk, et n’avait donné son nom que parce qu’il croyait que le jeune loup voulait le savoir! Il n’aurait pas dû… Mais Medrahsk ne pouvait pas rester comme cela, ou dire à Andy qu’il ne lui révèlerait pas son nom. Il devait le faire… Dans sa voix perçait tout de même sa réticence alors qu’il s’exprimait.

- On me reconnait sous le nom de Medrahsk… l’oméga du clan de la mort… le rebelle qui a droit à sa séance de torture mensuelle avec l’Alpha du clan en personne… celui qui ne vaut rien, et qui reste en vie pour la seule raison qu’il n’a pas besoin de vouloir aider Pandore pour le faire… je n’ai qu’a exister pour la servir de façon convenable…

Pendant un instant, il avait presque révélé son pouvoir à Andy. Dans le fond, c’était mieux qu’il le fasse. Que le loup sache à quel point il était un monstre, et qu’il l’abandonne. C’était mieux pour lui, la meilleure façon de le protéger. Si Medrahsk voulait le bien de l’Alpha du clan du métal, il devait le faire fuir, pour le protéger de lui-même.

- Andy…

Il versa une larme et prit une grande inspiration.

- Je dois vous dire que…

Cette fois-ci il pleura. Il n’arriva pas à se contenir et pleura. Mais il décida de continuer à parler, s’exprimant entre deux sanglots.

- Je suis un monstre! … Si Pandore me garde en vie c’est parce que… J’ai le pouvoir de… Je sais où et quand les loups vont mourir!... Et elle le lit dans mon esprit, pour aller les chercher et les ajouter à son armée…

Il n’avait pas cru qu’il pouvait pleurer plus qu’il pleurait en ce moment. Il se trompait. Ses sanglots devinrent encore plus intenses. Andy allait partir, et il ne le reverrait jamais. Il l’aurait tué, sans doute, mais Medrahsk ne pouvait pas mourir. C’en était déjà fini de toute cette histoire qu’il y avait entre eux. Mais le jeune loup n’oublierait pas ce qu’il lui avait dit, ce qu’il avait fait pour lui. Maintenant, il savait comment mieux défier Pandore. Il lui suffisait de trouver un loup qui l’accepterait malgré sa monstruosité. Mais ce ne serait pas Andy. Andy était Alpha. Pour le bien de son clan, il ne devait pas laisser Medrahsk s’en sortir si facilement. Le jeune loup était l’arme principale de Pandore, malgré le fait qu’il était incapable de blesser les autres. Si Andy ne faisait rien et continuait de l’aider, il nuisait à son clan!

Ce que Medrahsk n’envisagea pas, c’est que si, grâce à Andy, Medrahsk arrivait à se rebeller et à cacher à Pandore les informations qu’il recevait, Andy aurait été beaucoup plus utile à son clan, et à tous les autres, que s’il s’en était allé. Car Pandore ne recevrait plus les informations, et en serait affaiblie, s’une certaine façon.

Medrahsk n’aurait pas pu dire ce que l’Alpha lui murmurait à l’oreille. Il ne l’écoutait même pas. Il était perdu dans ses pensées. Alors qu’il avait tout d’un monstre, maintenant qu’il avait révélé à Andy ce qu’il était, et que même s’il souhaitait aider les ennemis de Pandore, jamais il ne pourrait arrêter de l’aider elle, le loup du clan du métal ne semblait même pas lui en vouloir! Il avait au contraire semblé le prendre en pitié… Oui, de la pitié, c’était sûrement ça. Le loup de la mort s’était bercé d’illusion en pensant que l’Alpha avait pu… s’intéresser à lui… pour autre chose que de la pitié. Il avait vu en lui une opportunité de se faire une arme, une arme de plus contre Pandore. Mais la proximité de son corps… de le sentir contre lui, de pouvoir entendre battre son cœur, de sentir sa respiration… ça le calmait. Il arrêta lentement de pleurer et fini par respirer plus régulièrement.

Non… ce n’était pas que de la pitié… sinon il ne réagirait pas avec autant de… familiarité… À moins bien sûr qu’il ne croit… non, sache, que c’était le seul moyen de le calmer et de le faire arrêter de pleurer. Mais… lorsqu’il l’avait léché plus tôt… pourquoi les choses étaient si compliquées? Pourquoi le loup de la mort n’arrivait-il tout simplement pas à exprimer ce qu’il ressentait? Parce qu’il était insignifiant. Parce qu’il avait devant lui un loup vivant, et même un Alpha. Parce que ce serait trop facile de tout gâcher avec des paroles mal placées. Et parce que, finalement, il savait que cela ne mènerait nulle part, sinon mettre Andy en danger. Et s’il ne pouvait pas être avec lui et que ça le mettait malheureux, il pouvait au moins l’empêcher de se faire torturer pour l’avoir aidé. Comme avec Maeya… Oui… il devait s’en aller et ne plus jamais le revoir. Mais il n’y arrivait…

Lorsqu’il entendit les paroles qui sortirent de la gueule du loup du métal, et qu’il comprit cette fois, il faillit recommencer à pleurer. Une arme contre Pandore… Rien de plus. Mais pouvait-il refuser? Il voulait se rebeller contre l’Alpha de la mort! Il ne voulait pas qu’elle gagne! En apprenant à se battre, il pourrait au moins être plus efficace contre elle! Mais… si elle le reprenait et lui faisait changer d’idée, il serait aussi plus dangereux pour les vivants… Il devait donc savoir ce qu’avait Andy en tête avant de prendre sa décision. Il n’accepterait pas si… en fait… que ce soit pour aider les vivants à l’emporter ou juste pour l’aider lui, il accepterait… Il voulait quand même savoir. Il voulait savoir où se situait la priorité d’Andy. Il voulait savoir ce qu’Andy ressentait pour lui. Ce serait beaucoup plus facile que d’avouer lui-même ce qu’il vivait en lui.

- Je ne sais pas si c’est une bonne idée d’accepter… Je dois d’abord savoir une chose. Pour quelle raison exactement devrais-je apprendre à me battre? Cela ne me rendrait-il pas plus dangereux? Que pensez-vous de moi exactement, pour être prêt à trahir tous les vivants en me venant en aide à moi, le loup qui détient probablement la plus grande utilité aux yeux de Pandore?

Il resta coller contre Andy. Il n’eut pas la force de se séparer. Comme il n’eut pas la force de croiser son regard en parlant. Il sentait toujours cette mystérieuse odeur, et cela le rendait si confus. Il ne comprenait plus, n’arrivait plus à penser. Mais étrangement, dans cette difficulté d’orienter son esprit, il se sentait de plus en plus lui-même, et avait l’impression que l’influence de Pandore diminuait. Au fond de son cœur, il espérait que l’Alpha du clan du métal allait dire qu’il voulait l’aider parce qu’il ne méritait pas le traitement infligé par l’Alpha de la mort. Qu’il voulait l’aider, non pas pour le bénéfice que cela apporterait aux vivants, mais juste pour que Medrahsk lui-même se sente plus vivant. Plus lui. Il espérait qu’Andy allait lui dire… allait lui dire qu’il ne voulait plus le quitter, et que l’entraînement était une excuse pour passer du temps avec lui. Il espérait… trouver la force de dire à Andy qu’il souhaitait passer ce qui lui restait de temps à vivre à ses côtés. Qu’il souhaitait devenir… son compagnon… Mais ses espoirs étaient vains. C’était ridicule. Deux loups mâles, compagnons? C’était impossible… Encore une fois, c’était son côté monstre qui l’influençait… Il rêvait, et en souffrait…

- Je ne sais pas si c’est une bonne idée d’accepter… Je dois d’abord savoir une chose. Pour quelle raison exactement devrais-je apprendre à me battre? Cela ne me rendrait-il pas plus dangereux? Que pensez-vous de moi exactement, pour être prêt à trahir tous les vivants en me venant en aide à moi, le loup qui détient probablement la plus grande utilité aux yeux de Pandore?

Andy réfléchit à sa réponse, de peur de dire quelque chose de maladroit. Soucieux de ne pas blesser Medrahsk en lui donnant une fausse réponse qui ne serait pas sa plus profonde pensée. Il était si maladroit avec le langage ! C'était la première fois qu'il parlait réellement à quelqu'un, et il se sentait tellement... désorienté... faible. Oui, Andy, puissant Alpha, se sentait faible face à un jeune loupiot soumis à Pandore du clan de la Mort, qui n'a jamais levé la patte sur qui que ce soit ! Mais son sentiment était normal. Les paroles étaient si effrayantes...

Il soupira. Comment convaincre Medrahsk qu'il voulait lui apprendre à se battre pour qu'il puisse enfin se rebeller contre Pandore ? C'était le plus grand désir du loupiot, et Andy voulait le réaliser. Enfin, il voulait l'aider à le faire... Quoi dire ? Le louveteau attendait une réponse. Mais cela faisait assez longtemps que l'Alpha le connaissait pour pouvoir dire qu'il pourrait attendre ainsi des jours, juste pour entendre sa réponse... La voix d'Andy n'ayant rien de mélodieux, comment un aussi jeune personnage pouvait la trouver apaisante, rassurante ?

Pour le bien de tous ! Oui, il allait donner cette raison. Il ouvrit la gueule pour parler de sa voix rauque et peu rassurante ;

- Pour le bien de tous. Si jamais tu deviens puissant, tu pourras te rebeller contre Pandore. Étant son instrument le plus utile, si tu t'en vas, elle ne pourras plus t'utiliser... Et ça lui coûtera cher.

Medrahsk n’aurait put expliquer ce qui lui arriva. Il eut l’impression en entendant Andy parler, que son cœur avait définitivement cessé de battre, à nouveau. Pourtant, il ne battait déjà pas… Quelque chose en lui se brisa, et cette rupture fit disparaître d’un coup ses espoirs. Pour le bien de tous… Parce que s’il se rebellait contre Pandore, s’il arrivait à lui cacher des informations, ce seraient tous les vivants qui en bénéficieraient… Oui, c’était sans doute la meilleure réponse, et pourtant… Pourtant le loup avait espéré que l’Alpha lui dirait qu’il voulait l’aider lui, à se sauver de sa vie de misère, à lui permettre de vivre à nouveau. Et aussi, lui permettre un jour de revoir sa sœur… Andy ne savait pas ce détail, mais… mais il ne le saurait pas.

Il prit sa décision. Non il ne le suivrait pas. Encore une fois, le jeun loup c’était fait avoir. Il s’était fait manipuler, depuis le début. Ce que l’Alpha voulait, au fond, c’était juste vaincre Pandore. Et bien sûr que Medrahsk le voulait, mais pas si ça voulait dire que sa condition de vie ne changerait pas, voir même s’empirerait… Que deviendrait-il une fois l’Alpha de la mort vaincue? Il ne serait plus rien, et personne ne s’intéresserait jamais plus à lui. Une larme coula, et il se retint pour ne pas en verser d’autres. Il n’allait même pas se donner la peine de donner réplique. Dans le fond, Andy ne le méritait pas. Medrahsk lui avait confié tout ce qu’il était, tout ce qu’il pouvait lui confier sans mettre Maeya en danger, et le loup du métal n’avait fait que semblant de lui prêter foie. Dans le fond, il ne l’écoutait que pour mieux le contrôler. Il était peut-être même pire que Prolyxe.

Non… là c’était fort un peu. Andy ne voulait pas le manipuler par plaisir du jeu. Il voulait réellement aider les vivants… Une intention très noble, mais qui allait se passer de l’appuie du loup de la mort. S’il acceptait de les aider, il les condamnait tous. Au moins s’il avait pu en tirer un bénéfice personnel, cela aurait-il pu le faire hésiter, mais là il était certain de sa réponse. Non. Non il n’irait pas apprendre à se battre. Non, il n’irait pas essayer de se rebeller. Non, même pour Andy… Même s’il se sentait étrange, et bien, comme à l’abri de l’Alpha de la mort, lorsqu’il se trouvait à ses côtés, il ne resterait pas. Car mieux valait qu’il se condamne lui-même qu’il ne cause la perte de toute forme de vie.

Il plongea son regard dans celui du loup du métal, et s’imprégna de toute sa détermination. Il le défiait. L’interdisait de le suivre, aussi. Puis il se détourna et s’en alla en courant. Il reverrait Andy, sans doute, mais pour l’instant, il ne voulait plus le voir. Il ne voulait plus l’entendre. Les mots qu’il avait prononcés, à l’inverse de le rassurer, comme d’habitude, l’avait blessé. L’avait rabaissé, l’avait fait se sentir encore moins important qu’il ne le croyait auparavant. Il ne pourrait supporter d’en entendre davantage. Il courut donc sans se retourner, sans s’arrêter. Il préférait encore retourner sur le territoire de Pandore plutôt que de revoir Andy.