Drown You in The Oasis ♦ Asuro

I don't remember the moment I tried to forget ♦
I lost myself is it better not said ♦
Now I'm closer to the edge ♦


L'oasis était magnifique, comme les rumeurs le disaient. Les couleurs du lac chatoyaient doucement, éblouissant un peu au début. Le sable piquait les yeux, et flottait doucement dans l'air, poussé par la Force du vent. Malheureusement, même si cet endroit n'était que rêves matérialisés, pour Faint, ce n'était que Chimères & Illusions. A ses yeux, la plus belle des choses devenait fade, sans couleurs, simple. Cet Oasis n'était rien d'autre qu'une étendue d'eau, boueuse.
La louve s'arrêta au bord de l'eau, les yeux plissés. La chaleur se faisait étouffante, elle avait besoin d'une pause.

« Tss... »

Un soupir agaçé passa la barrière de ses lèvres, et tranquillement, elle s'immerga peu a peu dans l'eau, fermant les yeux de soulagement en sentant le froid envahir tout son être. Elle qui n'était pas faite pour les grandes chaleurs, cette fraicheur ne pouvait lui faire que du bien. A condition que personne ne vienne la déranger, bien sûr...

Argh. Ce désert m'étouffait. Cela faisait bien des heures que je marchais sans buts ni lois. Je marchais tout droit, simplement. Cela faisait des heures que je voyais du sable, du sable et encore du sable, à n'en plus finir. Cela en devenait de moins en moins supportable. Mes coussinets me brûlaient, mes jambes étaient sur le point de flancher. Il me faudrait de l'eau. De l'eau fraîche. J'eus l'eau à la bouche à cette pensée. J'avais déjà été piégé plusieurs fois. Chaque fois je voyais de l'eau de loin, cela sentais si frais et semblais si réel, mais cela ne fut qu'un mirage. Je ne fis que mordre du sable, et la belle plage s’évanouit.
J'avançais tête basse, à bout de souffle, malgré le fait que je ne faisait que marcher. Puis, une odeur bizarre vint me déranger le nez. Je relevai vivement la tête, si bien qu'on entendit un léger "crac" au niveau de ma nuque. Je sentais... De l'eau ? Ah non, pas de nouveau ! Il fallait que je l'ignore, cette fois. Je n'allais pas à nouveau me faire piéger comme toutes ces autres fois. Mais ma curiosité l'emporta, et je finis par avancer vers là où je sentais de doux relents d'eau et de sable mouillé.
Je rêvais à nouveau ? Était-ce de nouveau un mirage ? Je n'en étais pas sûr. Je venais de remarquer au loin un grand Oasis qui me semblais si magique. Non. Je ne rêvai pas. C'était réel ! Je finis pas m'élancer de toutes les forces qui me restaient et me lançai dans l'eau. L'eau éclaboussa tout le sable aux environs. Je sortis ma tête de l'eau froide, lâchant un grand soupir de soulagement, puis me retrouvai nez à nez avec un autre loup. Je fus surpris jusqu'à me reculer de quelques pas.

- Oups !

Elle se baignait tranquillement, appréciant le silence complet qui régnait dans le Désert, lorsqu'un soudain /Splash!/ retentit. Sur ses gardes, elle ne vit pas une ombre se profiler sous l'eau, jusqu'a ce qu'un inconnu sorte brusquement sa tête de l'eau, un grand sourire au visage. Jusqu'a ce qu'il l'aperçoive.

- Oups !

Immédiatement, elle fit demi-tour, et remonta sur la berge rassurante, préférant s'éloigner du lupin. Elle ne le connaissait pas, sa Mère lui avait toujours dit de ne pas parler aux Inconnus. Elle se redressa de toute sa hauteur, voulant paraitre la plus grande devant le mâle, qui était encore dans l'eau, et la regardait fixement. Prendre la parole en première, ou non? Ouais, ce serait plus prudent.

« Quelle idée de faire peur aux gens ainsi. Tes parents ne t'ont jamais appris la politesse, hein? »

Un sourire méprisant gagna ses lèvres, et elle plissa les yeux. Souvent, les loups étaient orphelins, ou avaient vécus de terribles atrocités durant leur enfance. Elle jouait sur la critique et la méchanceté pour éloigner tout être vivant d'elle. Le seul qui parvenait encore a supporter ses jérémiades silencieuses, c'était ce cactus planté là-bas, rabougri et voûté. Ouais, ça ne l'avait pas arrangé.

La louve sortit rapidement de l'eau et se mit sur la berge. Elle avait des couleurs vives, du rouge et du mauve, qui ressortait assez fort, malgré le désert. Je pris cet instant de pause pour la détailler, pris dans mes pensées, puis elle prit la parole d'une voix assez sadique.

- Quelle idée de faire peur aux gens ainsi. Tes parents ne t'ont jamais appris la politesse, hein?

Aha. En voilà une qui ne veut que du mal. Elle s'était redressée de toute sa hauteur et me paraissait deux fois plus grande que quand je l'avais bousculée dans l'eau. Son pelage mouillé luisait sous la chaleur du soleil, déjà bientôt sec. Je gardais le silence, sortis à mon tour de l'eau, rafraîchit, et m'ébroua silencieusement sur la berge. Le sable immédiatement me rappela à quel point il faisait chaud ici. Je me couchai, avec mon poil mouillé. Je pensais sécher assez vite au soleil. Mais j'eus une idée. Je me transformai en ma forme spirituelle, et -plouf!- l'eau tomba d'elle même au sol. Je volai un peu plus haut, respirant à plein poumons, et commençai à rire bizarrement.

- C'est vrai que les esprits ne ressentent pas la chaleur. J'avais oublié ce détail.

Je me reposai au sol, ignorant la louve ainsi que ses paroles qui apparemment, vu son sourire, étaient censé me faire réfléchir, me faire penser à mon passé et me faire du mal. C'est vrai que je suis orphelin, que je n'avais plus de parents, qu'ils étaient morts sous mes yeux. Mais j'étais tellement jeune, quand cela est arrivé, que je n'avais que de simples silhouettes floues à la place des images de mes parents. Je savais que ma mère était une renarde blanche comme neige et mon père un loup gris/brun, d'un âge assez avancé, mais c'est à peu près tout ce dont je me souviens.
Je revins à ma forme normale, couché sur le sable chaud, respirant calmement l'air ébouillanté du désert, sans broncher. Je regardai l'eau, la tête haute. Peut-être pourrais-je faire une farce à cette louve. J'attendais une ouverture de sa part, restant complètement indifférent jusqu'à ce moment.

Sûr d'elle, elle se tenait bien droite face a lui, décidée a ne pas l'approcher. Qu'il fasse un pas vers elle, elle en reculerait d'autant. Elle le regarda sortir de l'eau, puis s'ébrouer tranquillement, comme si elle n'était pas là. Comme si elle n'était en aucun cas un danger pour lui. Un grognement sourd s'éleva de son poitrail rouge, et elle retint a grand-peine une envie irrésistible de lui régler son compte une bonne fois pour toutes. Les Sacrifices Inutiles ne lui accorderaient rien, comme tuer des Faibles ne lui donneraient aucune Gloire. Alors qu'elle allait parler, un étrange phénomène se produit. Il devint presque fantomatique, blanc et pâle comme un linge, avant de s'élançer dans les airs, léger comme une plume.

- C'est vrai que les esprits ne ressentent pas la chaleur. J'avais oublié ce détail.

Les sourcils froncés, elle continua a le regarder exécuter quelques figures et cabrioles aériennes, avant qu'il ne revienne au sol. Sans un regard ou une seule parole pour elle, il s'allongea au sol, et fixa l'Oasis. Éberluée de voir qu'il ne lui accordait pas plus d'attention, elle soupira de mépris, voulut faire demi-tour, fit effectivement un pas en arrière, puis deux, mais revint finalement sur sa décision en avançant de quelques pas, restant tout de même a bonne distance de l'Autre. Au moins, désormais, elle connaissait son Pouvoir, c'était toujours une Opportunité de plus pour elle.

« J’espère que je ne te dérange pas, au moins. Tu pourrais au moins avoir la décence de me dire ton nom, puisqu'aucun de nous deux n'est décidé a le faire. »

L'eau ridée me semblait bien pâle. Les reflets brisés du soleil me vinrent dans les yeux, que je plissai doucement, respirant toujours aussi calmement. Je gardai en tête que la louve était là. J'observai chacun de ses mouvements du coin de l'oeil, écoutant chaque respiration qu'elle faisait, chaque battement que son coeur émettait. J'avais les muscles bandés au cas où elle se déciderait enfin à me sauter dessus, comme je lui avait deviné une nature cruelle et agressive au départ, dans sa manière de parler, sa manière d'agir. Et vu que je l'avais grandement ignorée depuis mon arrivée, elle devait être frustrée... J'avais tord ? Je ne sais pas.
Il y eut du mouvement, je tournai légèrement la tête vers elle pour avoir une meilleure vue, tout en continuant à regarder l'eau calme. La louve me regardait encore, elle ne m'avait pas quitté des yeux depuis qu'elle est sortie de l'eau douce de l'Oasis. Elle soupira. Un soupir méprisant. Peut-être me détestait-elle déjà. Mais... Était-ce tout ? Je m'attendais à plus. Elle fit un pas en arrière. Je fus un peu surpris. Elle reculerais face à moi ? Ou était-elle en train de prendre son élan ? Non, sa tête m'éloignait de cette hypothèse. Elle fit encore un pas en arrière. Je me mis à hésiter intérieurement. Mais elle finit tout de même par rattraper la distance qu'elle avait parcourue et s'approcha de moi.

- J’espère que je ne te dérange pas, au moins. Tu pourrais au moins avoir la décence de me dire ton nom, puisqu'aucun de nous deux n'est décidé a le faire.

À vrai dire, je n'en avais aucune envie. Jusqu'à maintenant, personne sur ces terres ne connait mon nom, mais pas ma bien aimée et vénérée Pandore. Devrais-je le lui dire ? Devrais-je lui dire mon nom ? Cela ferait-il de nous des amis ? Des connaissances ? Je ne sais pas si j'en veux. J'hésitai, et cela laissait un blanc entre nous deux qui me gênait assez. J'ouvris la bouche, mais la refermai aussitôt, regardant la louve pour faire genre de la détailler à nouveau, puis reportai à nouveau mon regard hésitant vers l'eau étincelante.

- Pourquoi le veux-tu, mon nom ?

Ce fut la seule chose que je fus capable de dire, tout en déportant à nouveau mon regard vers la louve, cette fois-ci il était plus interrogateur et méfiant qu'autre chose.

Il resta calme, plongé dans la contemplation de l'étendue d'eau. Le silence se faisait lourd, et aucun d'eux deux n'osaient bouger, comme par peur d'effrayer l'autre. Devait-elle a nouveau dire quelque chose, pour le pousser a se livrer a elle, ou bien continuer a garder sa bouche close, et repartir de là ou elle venait? Impossible de choisir la dernière solution. Elle ne venait de nulle part, était née du Néant. Ses yeux rouges se voilèrent un instant, tandis qu'elle songeait douloureusement a ceux qu'elle avait laissée derrière elle. Sa famille entière avait eu preuve de sa lâcheté. Finalement, le Lupin ouvrit la bouche, pour la refermer, apparemment hésitant.

- Pourquoi le veux-tu, mon nom ?

Prise a son propre jeu, elle grogna bizarrement, vexée. Mince, elle qui pensait pouvoir facilement lui soutirer des informations, elle était tombée sur quelqu'un avec un peu de Jugeote. Elle qui n'aimait pas réfléchir a une façon ou une autre de bloquer ses adversaires, elle allait devoir faire fonctionner ses méninges. Après tout, il pourrait la reconnaitre, et signaler sa présence sur ces Terres au Clan du Feu. Il ne fallait surtout pas que quelqu'un se souvienne d'elle, quitte a tuer ceux qui pensaient la connaitre. Elle eut l'audace de s'installer a coté du mâle, et s'assit, laissant choir son pototin sur le sable brûlant.

« T'es pas très sociable, toi. Si tu me le donnes, je te donnerai le mien, quoiqu'il ne te sera pas très utile. C'est équitable, non?»

La louve avait l'air d'être prise dans ses pensées. Son corps était là, mais son esprit divaguait plus loin, vers un endroit que je ne connais pas, et peut-être jamais. Je la regardai sans but précis, attendant une suite de sa part. C'était un moment de pause, un blanc, qui était assez embarrassant, chacun prit dans ses propres pensées que l'autre ne connait pas. Puis elle grogna bizarrement, après que je lui aie posé ma question. On aurait dit que je l'avait surprise. Ne s'attendait-elle pas à un peu de résistance ? Me croyait-elle comme un loupiot soumis qui obéirait à chacune de ses volontés sans même poser de questions, sans résister ? Je m'ébrouai, renfonçant cette pensée plus loin. Peut-être que je devais arrêter d'être si méfiant.
• La louve rouge finit par s'avancer encore vers moi. Mon coeur rata un bond. Avait-elle enfin décidé de venir me planter ses dents dans ma gorge ? Par réflexe, une de mes pattes se releva pour se mettre à plat sur le sol, comme pour se relever. Au cas où, je serai près pour partir à toute vitesse. Je plissai les yeux en la regardant s'approcher lentement. Quel culot quand-même, d'oser approcher un inconnu dont, déjà, on ne connait pas le nom.
• Mais elle ne fit que s'asseoir à côté de moi, et je relâchai la pression que j'avais mit dans mes muscles. Je soupirai, de soulagement et en même temps pour me calmer. J'avais envie de me lever et d'aller me coucher plus loin, pour être plus tranquille. Sa voix douce interpella mes pensées. Douce? Non. Sa voix n'est pas douce.

- T'es pas très sociable, toi. Si tu me le donnes, je te donnerai le mien, quoiqu'il ne te sera pas très utile. C'est équitable, non?

• Je hochai la tête, d'un air méprisant et méfiant à la fois. Et quoi si maintenant son pouvoir était qu'elle pouvait tuer n'importe qui en ne connaissant rien que son nom ? Non. Je divaguai. C'était impossible. Enfin, quoi que, sur ces terres, tout est à peu près possible, suffit de me regarder moi pour voir que personne n'est normal ici. Cette fois-ci, je fixai la louve dans les yeux. Droit dans ses yeux. Elle avait des yeux rouges, soulignés par la même couleur. Ses yeux étaient profond, je pouvais deviner qu'elle non plus n'avait jamais eut la vie facile, avant. Peut-être que maintenant toujours pas. Je ne sais pas.
• De nouveau j'hésitais. Donner mon nom ou ne pas le donner ? Après tout, j'étais assez curieux du sien, mais je ne veux pas qu'elle sache le mien. Mentir ? Non. Je n'aime pas ça, et je mens très mal. J'étais à nouveau pris dans mes pensées, tout en laissant mes yeux dans les siens sans pour autant vraiment la regarder. Mais je revins vite à moi.

- Je veux connaitre le tien, mais je ne veux pas que tu saches le mien. Ça t'ennuie ?

Alors qu'elle s'approchait, il posa une patte a plat sur le sol, comme pour se relever au cas ou elle tenterait quoi que ce soit de louche. Mais, lorsqu'elle s'assit, il sembla se détendre, puisque son corps arqué s'aplatit de nouveau sur le sable chaud. Il hocha la tête a sa proposition, et elle crut qu'il allait enfin accepter de lui dire son nom. Mais apparemment, il n'en avait pas fini de jouer avec ses nerfs, puisqu'il retomba dans ses pensées, les yeux plongés dans le sien. pourtant, elle sentait bien qu'il n'était pas vraiment là, qu'il voyageait déjà a des lieues d'ici. Elle garda le silence, se contentant de le regarder, et de le détailler un peu par la même occasion. Lorsqu'il l'avait surprise, elle n'avait pas pris le temps de regarder comment il était, non. Pour elle, un ennemi reste un ennemi, et aucune coalition n'était possible. Par rapport a elle et sa haute stature, il était d'une taille relativement courte, et ce détail parvint a lui arracher une demi-sourire amusé. Son pelage était dense, et de couleur Gris clair et foncé. A tout dire, il était Banal, et passait inaperçu dans les rassemblements. Ses grands yeux blancs semblaient exprimer des centaines d'émotions a la fois, et elle y lut de la Tristesse, de la Douleur, de la Méfiance, énormément de Solitude.
Pour lui non plus, ça n'avait pas été facile.

- Je veux connaitre le tien, mais je ne veux pas que tu saches le mien. Ça t'ennuie ?

Agacée, la louve fouetta l'air de sa queue, et posa son regard sur l'eau, qui étrangement, commençait a se troubler d'elle-même, alors qu'aucun souffle de Vent ne l'agitait. Elle réfléchit un moment a un moyen de contrer cette nouvelle attaque, et pensa a mentir. Non, elle était honnête, et après tout, qu'au moins une personne se souvienne d'elle et de son nom serait amusant. Elle garderait des liens avec cette Terre, des liens avec ce loup. Mais elle ne le voulait pas, malheureusement. Pour elle, cette première rencontre signifiait beaucoup, bien que ce jeune mâle soit très ordinaire. C'était le moyen pour elle de se tenir au courant des dernières nouvelles, des conflits qui agitaient les Clans, et de se décider a entrer en scène.


« Oui, ça m'ennuie beaucoup. J'accepte de te donner le mien. Mais seulement si tu me promets, qu'un jour, tu me diras ton nom.»

La louve avait l'air tellement agacée que j'en fus un peu confus. Était-ce un tel problème que de ne pas vouloir donner son nom ? Cette louve était une parfaite inconnue pour moi. Tout ce que je sais, c'est qu'elle me parle avec hargne, rudesse et dominance. Elle avait commencé avec des paroles qui étaient censées me blesser, d'après ce que j'avais compris. La queue rouge de la louve fouetta l'air, chassant le sable autours, créant un petit nuage qui s'évapora aussitôt. Je regardai ce phénomène éphémère, puis reporta mon regard sur l'eau, sur mon reflet et celui de la louve, plus précisément. Je vis qu'elle aussi avait déporté son regard sur l'eau qui créait de petits clapotis. Mais.. Pourquoi y avait-il des vagues ? Il n'y avait pas de vent, il faisait bien trop chaud que pour en avoir. C'était au tours de la louve à réfléchir. Décidément, à chaque fois qu'un de nous deux parlait, l'autre réfléchissait toujours quelques minutes avant de répondre. Il n'y avait pas de mouvements. Il n'y avait pas d'action. C'était ennuyant, macabre. C'était presque comme si j'étais seul et que je parlais avec un ami imaginaire comme pour faire passer le temps, en bien plus ennuyant. Elle ouvrit la bouche, et sa voix douce me titilla des oreilles à nouveau. Je la regardai à nouveau quand elel parlait. Par politesse, peut-être.

- Oui, ça m'ennuie beaucoup. J'accepte de te donner le mien. Mais seulement si tu me promets, qu'un jour, tu me diras ton nom.

Un jour. Peut-être. Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas. Je ne sais pas voir le futur, si un jour je l'aimerait assez pour qu'elle puisse connaître mon nom, ou si je la garderai toujours en mépris et qu'elle restera dans l'ignorance. Je ne savais pas. J'hésitai. J'aurais tant voulu voir mon futur, voir si j'allais la revoir après, voir si je pouvais me rapprocher d'elle ou si au contraire la guerre va se déclarer entre nous dès qu'elle connaîtra mon nom. J'aimerais tant connaitre le sien, pour l'appeler plus familièrement que "la louve". Je n'aimais pas appeler les autres comme ça. J'aimais bien connaitre leurs noms. Je me relevai sur mes pattes fixes. Je sentis un muscles rouler sous ma peau de la patte arrière droite. Une crampe. J'étais couché trop longtemps. Je la pliai, la dépliai, la tendis et la reposa au sol, les sourcils froissés. Ça passait vite, heureusement.
Malheureusement, même debout, ma tête arrivait à la hauteur des épaules de la louve rouge et mauve. J'espère encore grandir, que je deviendrai fort, grand et musclé comme ça je pourrai participer à la guerre, plus tard, et servir ma meute, servir Pandore, pour arriver à mes fins comme un loup heureux qui aura atteint ses objectifs dans sa misérable vie. J'avais les yeux grand ouverts, je ne l'avais même pas remarqué. J'étais choqué de mes propres pensées. Je fis quelques pas en arrière, comme si j'avais peur. La queue basse, les oreilles à plat. Je me sentais en danger. Pourquoi ? je ne sais pas. Il y a deux secondes j'étais bien là, allongé sur le sable chaud, mais c'est arrivé tout à coup, ce sentiment m'est venu comme ça.
Je fis encore un pas en arrière, puis je repliai ma tête d'une manière élégante sur mon poitrail, et souriais. Pourquoi souriais-je ? Je ne sais pas. J'étais confus. Qu'étais-je en train de faire ? Je crois que je voulais attaquer. Mais non. Je ne veux pas, je ne pouvais pas. Je n'étais pas de taille, de toute façon. La louve avait déjà eu le temps de voir que je n'étais qu'un jeune louveteau qui n'avait pas encore développé sa force ni son endurance, et que du coup elle pourrait me mettre à terre avec un seul et unique coup de patte. Je ne sais pas pourquoi, mais je me mis à rire. Je ris d'une manière bizarre, d'une manière machiavélique, tel un fou furieux qui vient de se satisfaire d'une certaine façon. Je relevai la tête, les yeux écarquillés, la bouche ouverte sur un sourire montrant toutes mes dents pointues. Ma queue se releva par réflexe.

- Je ne peux te promettre cela. Je ne te connais pas. Je ne veux peut-être pas te connaitre vu que tu n'a pas l'air de m'apprécier. Veux-tu que je te serve ? Veux-tu me manipuler ? Je ne sais pas où sont tes buts, mais j'ai bien vu, oh oui, que tu ne me veux rien de bien.

J'entendais ma voix lointaine, comme si un autre loup avait parlé. Pourtant c'est bien moi qui avait formulé le tout dans ma tête, et l'ai dit par la suite.