Rencontres mortelles. /PV Angélus/

Je ris.
Ces terres me faisaient plaisir. Elles étaient si belles, si blèches et vilaines. Elles étaient tellement affreuses qu'elles étaient belles à voir. La terre était sèche, craquelée, desséchées et crevassées de partout. On y voyait parfois un tronc d'arbre, un tronc d'arbre noir de suie ou alors complètement morts et brisés. Claqués par le vent fouettant ces territoires funestes de son souffle sans espoir. La poussière qui volait, portée par cette brise inespérée nous soufflait au visage, comme pour nous repousser, nous dire de s'en aller. C'étaient ses terres ici. Enfin, plutôt nos terres. Et je m'y plaisait tant.
Comment cet abruti à pu quitter une telle merveille ? Je me le demande encore. Ce n'était pourtant pas il y a si longtemps. Papa et maman avaient tant prit soin de lui, et il a décidé de partir comme ça, sans rien dire, nous abandonnant à notre destin. Je crachai sur le sol, comme pour enlever ce goût amer qui m'était venu à la bouche. Un goût de haine et de mépris. Pourquoi était-il né comme mon frère, jumeau qui plus est ? Je me le demande encore. Dire que nos parents lui avaient tout légué, même tout leur amour, ne me réservant que le stricte nécessaire. Me haïssaient-ils ? Il faudrait une fois que je leur pose la question, en face, comme ça je peux admirer les visages incrédules lorsque leur propre fils doucement commencera à se demander pourquoi c'est ainsi qu'ils eurent décidés d'agir. Était-ce pour faire de moi ce que je suis, ou pour faire de lui ce qu'il est ? S'étaient-ils adoucit à un tel point qu'ils me laisseraient croire que c'était un accident ? Non. Impossible. C'est simplement que ce pauvre crétin a décidé de ne faire aucun mal à son environnement. Limite si une mouche l'embête fortement, il la laisserait la, ou tenterait de la faire s'en aller avec un mouvement de pattes. Je grinçai des dents.
Cette haine que je me promets de nourrir contre lui restera pour toujours en moi. Elle continuera de grandir. Ce dégoût, cette détestation qui grandit tant que je ne l'aurai pas tué, elle restera et sera contre le monde entier.

Je devais me soulager. Je me levai, étirant mes muscles raides, et me mit à la recherche d'une proie. Je ne fis que quelques pas et j'arrivai près d'un fleuve plutôt étrange. L'eau était blanche, limpide, comme si elle était tout sauf potable. Je la regardai d'un air sceptique, et approchai mon nez pour sentir cette eau si bizarre. Elle avait une odeur anormalement vivace. Je reniflai une nouvelle fois, frôlant l'eau de ma truffe noire. L'odeur me rappelait tous ces corps et cadavres qu'un jour j'avais entreposé durant un voyage. Des corps en décomposition.
Je souris. C'était un bel endroit. On dirait qu'il y avait eu beaucoup de morts par ici, et ces défunts avaient laissés leurs esprits malfaisants dans cette rivière. Ils étaient toujours là, je pouvais les sentir bien clairement. Pas jusqu'à les voir, mais je pouvais sentir toutes ces présences qui doucement se laissaient emporter par les eaux duveteuse de cette rivière trouble. Je relevai la tête, entendis un bruit, et en profitai pour sauter sur un rat qui passait par là. Il avait l'air apeuré.

- Mais que fait donc un rat en ton genre dans un endroit pareil ?

Je ricanai, haussant les épaules à chaque vague de rires. Je le tenait avec une patte sur son ventre velu, toutes griffes sorties, raflant sa peau si fragile. Je commençai par lui arracher une patte, en la coinçant entre mes dents et en tirant très fort. Le goût de son sang était loin d'être aussi délicieux que celui des loups, mais les cris aigus qu'il lançait étaient un chant voluptueux pour moi. Je lui arrachai une autre patte, la crachant sur l'autre, un peu plus loin. Je levai la tête. Même si ce n'était qu'un rat, tuer était tellement amusant et apaisant. Je me relevai, laissant le rat sans aucune pattes. Il criai et tentai de se redresser en rampant, glissant bizarrement sur le sol. Je ris, à nouveau.

Puis... Un bruit. Et une odeur connue. Je fis volte-face, et le regardai droit dans les yeux.

- Tiens. Mon cher frère jumeau. Comme on se retrouve.

Je ne pus que rire, sadiquement. Mon voeu s'était réalisé. Il était là, devant moi. Et ce combat, en tout cas le pensais-je, allait être des plus faciles. J'allais, enfin, tuer mon frère.