Forever in my soul. /Libre/

Il était une fois... Non. Ce n'est pas comme cela qu'on commence un récit ici. Ce n'est pas comme ça que je vais commencer à raconter mes aventures aux chutes. Elles étaient magnifiques, en effet. Le vent soufflait, mais n'arrivait pas à dévier le courant de l'eau si fort, attiré par la gravité de la chute magistrale. Tellement belle et tellement meurtrière à la fois. Mieux vaut ne pas y plonger, sauf si on est vraiment suicidaire sans avoir peur de mourir dans la souffrance. D'abord on verrait la fin approcher. Elle serait mouillée, et on verrait la fin de la chute arrivée, noyée sous la pression blanche de l'eau. L'air autours était humide, et la forêt environnante ne laissait pas une très bonne impression.
Cet endroit sentait la mort. On sentait, si on reniflait bien, encore des corps de loups morts à cause de cette chute. On pouvait deviner pourquoi. Soit ils avaient trop chaud, cherchaient une baignade et n'avaient pas mesurés les risques, ou alors ils sont tombés dans l'eau et se sont fait emporter sans pitié par les flots. Cela m'effrayait un peu. Je ne sais pas pourquoi je me suis aventuré ici. Déjà rien qu'en sentant l'air humide, de loin, je sentais bien que ce lieu, aussi magnifique soit-il, était macabre et à la limite du maudit. Pourtant j'avais continué d'avancer, tiré par ma propre curiosité. Je devrais arrêter d'être aussi naïf avec moi-même. Ça en devient tellement ennuyant et fatiguant.
Je m'étais couché au bord de l'eau. L'herbe me chatouillait doucement le flanc, comme une caresse qui se veut trop douce. Il faisait chaud, ce jour-là, à ce point que je me mettais le plus proche possible de l'eau, pour sentir sa fraîcheur et recevoir des gouttes d'eau sur mon pelage de temps en temps. Cela rafraîchissait bien. C'était agréable, doux. Je me sentais bien là. Pourtant je n'étais pas sur mes terres, mais je me sentais en sécurité. Je sais bien qu'on pourrait venir et me sauter dessus, tenter de me pousser dans les flots et ainsi mettre fin à ma misérable vie. Mais, non. Je tentais d'être moins méfiant avec le monde, avec moi-même et les étrangers. C'était très difficile, surtout les moments où je me sentais si seul, si solitaire, que j'en souffrais. J'aurais tant donné pour que quelqu'un vienne pour combler ce vide que j'avais en moi, que ce soit un allié ou un ennemi, je voulais juste un passe-temps.